Les enfants gâtés de Philippe Hériat (Goncourt 1939)

Publié le par Alexandre Anizy

 

Philippe Hériat, pseudonyme de Georges Raymond Payelle (famille de fonctionnaires et magistrats) né en 1898, débute sa carrière dans le cinéma avant de publier son premier roman en 1931 (prix Renaudot). Son roman « les enfants gâtés » (Gallimard, 289 pages), tome 2 d'une saga, est primé par le prix Goncourt en 1939.

 

Dans ce livre, Hériat raconte l'émancipation d'Agnès Boussardel par rapport à sa famille bourgeoise obnubilée par la défense et l'accroissement de son patrimoine. L'ouvrage est bien structuré, et l'écriture soignée. Cependant, le style est ampoulé à force de préciser les détails anodins, d'expliquer les arrière-pensées des personnages au milieu des scènes … Le rythme est ralenti sans contrepartie esthétique. Dommage.

 

« Notre vie n'est faite que de cela. De ce chevauchement alterné ; de cette imbrication, parmi nos sensations neuves, de nos sensations antérieures et de la notion qui nous en vient d'un coup. Nous imitons ces architectes italiens de la Renaissance qui incorporaient à leurs constructions nouvelles les pierres des anciens Colisées. » (p.59)

 

Définissons le style de Philippe Hériat : une sorte de Bernard Clavel empêtré parfois dans un essai vaguement proustien de psychologie.

Évidemment, il souffre de la comparaison des deux côtés.

 

Un détour chez Hériat est tout de même possible pour les amateurs.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

Post-scriptum :

n'est-il pas curieux d'attribuer le Goncourt 1939 à un livre décrivant les mœurs de la grande bourgeoisie, avec un titre équivoque puisqu'il atténue la force de la critique morale portée par l'héroïne ?

 

 

 

Publié dans Notes culturelles

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