Ordre monétaire ou chaos social de Frédéric Lebaron
« Pourtant, les processus économiques sont des phénomènes de croyance, socialement construits et entretenus, et la politique économique n'y échappe pas : elle fabrique et modifie les anticipations des agents (...) » (p.18)
Dans un petit livre bien fichu, « ordre monétaire ou chaos social » (éditions du Croquant, septembre 2006, bouquinel de 65 pages), Frédéric Lebaron analyse la croyance économique des banquiers centraux.
« Le caractère intrinsèquement instable et incertain de la vie économique est nié au profit d'une utopie articulée sur la stabilité de l'ordre économico-monétaire. » (p.24)
Fi d'une politique macroéconomique européenne ! Seules importent les réformes structurelles et institutionnelles pour atteindre le paradis du marché unique, sans entrave, dont l'euro n'est que la base. C'est pourquoi
« Une véritable mystique de la monnaie anime ainsi les acteurs de l'unification monétaire. » (p.48)
Dans un livre récent plus dense, « la crise de la croyance économique » (éditions de Croquant, octobre 2010, bouquinel de 284 pages), Frédéric Lebaron étudie l'évolution de la doxa entre 2007 et 2010, parce que la crise a provoqué un ébranlement cognitif au sein de la communauté épistémique, le monde n'étant plus conforme à l'idéologie de la fin de l'Histoire ou de la mondialisation heureuse.
Pour autant, cette crise de la croyance économique remet-elle en cause le processus régressif en cours ? A notre avis non, et cette comparaison de l'auteur explicite notre réponse :
« Ce fondamentalisme de marché, de nature religieuse, est le symétrique de la forme absolutiste de la croyance communiste, lorsqu'elle annonce l'éradication absolue de tout mécanisme de marché au profit d'une économie strictement collective et centralement planifiée. » (p.160)
Alexandre Anizy