"Tombeau pour Boris Davidovitch" de Danilo Kiš
« Un tombeau pour Boris Davidovitch » (Gallimard NRF, novembre 2009, 158 pages) de Danilo Kišest un roman sur la foi, puisqu'il raconte en sept chapitres (d'une même histoire, précise l'auteur dans le sous-titre de l'ouvrage) les vies exaltantes de croyants, au sens large du terme.
Celui consacré à Boris Davidovitch vous captivera puisqu'il évoque la confrontation et la connivence muette de l'inquisiteur et de la victime dans le cadre de la répression stalinienne : la quête d'une pureté révolutionnaire n'a d'égale que l'acceptation du dévoiement. A méditer.
Nous y reviendrons bientôt, quand nous parlerons de Victor Serge.
Le style de Danilo Kiš jette un voile d'objectivité sur ces gestes religieuses. Cependant, sa nature ironique perce sous le trait sérieux à chaque page.
« Après un vide évident dans les sources dont nous nous servons (et que nous épargnerons au lecteurs, pour lui laisser le plaisir trompeur de penser qu'il s'agit d'une histoire que l'on identifie d'habitude, pour le plus grand bonheur de l'écrivain, au pouvoir de son imagination), nous le trouvons à l'asile psychiatrique de Malinovski, au milieu des fous dangereux, et d'où, déguisé en lycéen, il s'enfuit à bicyclette pour Batoum. » (p.98)
Si vous ouvrez ce tombeau, vous n'en sortirez pas, avant le point final.
Alexandre Anizy