Françoise Hardy vue par Prévert

Publié le par Alexandre Anizy

            C'est ce qu'elle inspira au poète. 

 

Une plante verte  

 

            Dans les serres de la ville, une plante verte chante la vie

 

            Françoise Hardy

 

            Elle écrit les paroles, les mots de ses chansons et c'est cartes à jouer ! reines de l'enfance, reines de la jeunesse, de la tendresse coupées par le roi noir de la lucidité.

            Elle chante le désarroi des amours d'aujourd'hui, la liberté dangereuse de l'amour libéré, le lancinant tourment de l'amour séparé.

            La vie d'« fille comme tant d'autres », c'est tout cela qu'elle chante, tout simple, tout vrai.

            Peu importe de savoir où elle est si elle est « dans le vent ».

            Le vent est dans le temps.

            Le temps est un oiseau vivace, rapide, indifférent et lent.

            Dans les serres du temps, une belle fille toute droite chante contre lui, en souriant. 

            Chante l'amour perdu, retrouvé, partagé et l'on est sous le charme.

            D'autres attendent sous l'orme, regardent le temps passer sans voir ce qu'il y a dedans.

            Sous le charme de Françoise Hardy on entend palpiter la vie.

 

Jacques Prévert

(Textes divers, Pléiade, Oeuvres complètes, vol.II)

 

Publié dans Notes culturelles

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