L'Afghanistan est un nouveau Vietnam

Publié le par Alexandre Anizy

En 2001, le régime des talibans afghans était renversé. Les Etats-Unis plaçaient à la tête de ce pays un de ses anciens agents, Hamid KARZAÏ. La lutte contre le terrorisme justifiait l’occupation militaire.

Il est temps de faire le bilan de cette opération :

  • Al-Qaeda a-t-elle été anéantie ? Non ;
  • Oussama BEN LADEN a-t-il été capturé ? Non ;
  • Les talibans ont-ils été décimés ? Non, ils sont toujours présents et prêts à prendre le pouvoir à Kaboul.

La stratégie officielle des Américains est un échec cuisant.   

Pire : ce qui était un affrontement entre le contingent international de l’OTAN et une guérilla locale est devenue une crise régionale, puisqu’il ne fait aucun doute sur la responsabilité de l’ISI (les services secrets militaires pakistanais) dans l’attentat contre l’ambassade de l’Inde à Kaboul et dans l’attaque d’une parade militaire en plein cœur de la capitale afghane.  

Pire : le pouvoir central quasi inexistant est pourri par la corruption et en prévision des élections 2009, le président fantoche Hamid KARZAÏ protègerait les détournements de l’aide étrangère par des proches ; pour les talibans, les revenus de la drogue que les Occidentaux devaient éradiquer n’ont jamais été si élevés.

Selon l’expert pakistanais Ahmed RASHID, « il est évident que les bombardements de l’OTAN, l’usage excessif de la force aérienne et les morts civils ont heurté les populations. Le sang des civils est l’une des raisons du succès du recrutement par les talibans en Afghanistan. » (le Monde 22 août 2008) L’insurrection des talibans n’a donc ni problèmes financiers ni manque de combattants (les tribus pachtounes pakistanaises y pourvoient notamment).

Si les talibans ne sont pas assez puissants pour conquérir Kaboul, ils le sont suffisamment pour contenir l’OTAN dans les villes et ses bases militaires. Ils multiplieront les combats et les attentats jusqu’à l’entrée en fonction du nouveau président américain.
 

L’erreur majeure a été de croire que cette guerre était locale et qu’elle pouvait être emportée militairement.
Au jour d’aujourd’hui, l’Afghanistan est un nouveau Vietnam.

 
Alexandre Anizy