Maxence VAN DER MEERSCH : "femmes à l'encan" (II)
Dans l’œuvre de Maxence VAN DER MEERSCH, vous trouverez ce livre original, « Femmes à l’encan – un esclavagisme patenté » (Albin Michel, 1945 et 1947), puisqu’il s’agit d’un réquisitoire contre les maisons de tolérance et la prostitution :
« C’est l’abolition d’un esclavage, - et le plus infâme ! – c’est l’assainissement des âmes, que la France doit réaliser en supprimant tout de suite la maison de tolérance et la prostitution réglementée. » (p.155)
Il s’agit d’un document sérieux sur le « système français de prostitution » : comment devient-on prostituée ? qu’est-ce qu’une fille cartée ? un condé ? le contrôle sanitaire mis en place ? la patente des bordels ? les règlements intérieurs ? la production ? etc. Quasiment rien ne vous sera épargné sur ce système d’exploitation, et c’est tant mieux.
Le style est suranné, c’est entendu. Mais justement, il nous permet de ressentir d’autant mieux à la fois l’indignation morale, mais aussi le combat raisonné de l’écrivain contre cet esclavagisme.
D’aucuns diront que cette bataille est du passé … Pour notre part, quand nous lisons les pensées théoriques de Marcella IACUB, cette bourgeoise qui, en dernière analyse, parle doctement d’un abattage qu’elle ne connaît pas, nous nous disons, en imitant un peu Paul VALéRY, que la prostitution anéantit des personnes fragilisées au profit de gens « fragiles » qui ne s’anéantissent pas.
Alexandre ANIZY