Philippe DJIAN un reste à emporter

Publié le par Alexandre Anizy

Nous avons découvert Philippe DJIAN en 1986 avec « maudit manège » : c’était aussi l’année où sortait le film de Jean-Jacques BEINEIX tiré du roman « 37°2 le matin » que nous n’avons pas lu pour cause de cinéphilie. Quelques années après avoir lu Charles BUKOWSKI, nous avions l’impression de retrouver une ambiance, une certaine philosophie de la vie où on décapsule beaucoup de canettes de bière : un écrivain, putain, c’est d’abord le style … nous répétait souvent DJIAN à cette époque. On a toujours rien contre ce principe.
Bref, on aimait bien DJIAN et on a continué à l’apprécier malgré les snobinards germanopratins.

Justement, « ça, c’est un baiser » (Gallimard 2002, 384 pages, 19,90 €) fut éreinté par la critique à sa parution. Pourtant, un polar à la façon de DJIAN mérite le détour. Contrairement à ce que dit un article du Monde ou de Libération du moment, le roman est bien construit et l’auteur a su adapter son style au genre policier.
Ce n’est pas du CRUMLEY en version française, c’est du DJIAN en noir ! 

Parce que c’est un écrivain, DJIAN essaie tous les genres : il faut croire que c’est son plaisir. Ainsi, il s’est coltiné au genre érotique avec « vers chez les blancs » (Gallimard, 2001), à sa manière toujours, mais en ayant bossé son sujet, le bondage en l’espèce.
En ce moment, il s’adonne, avec succès semble-t-il, à la série américaine avec son « doggy bag ».

Pour ceux qui apprécient ou apprécieront le lascar, nous signalons son livre « ardoise », où il rappelle sa dette envers quelques écrivains. Tout en évoquant ces créanciers, il continue à parler de lui.
Citons : « (…) qui donc oserait prétendre que le style n’est qu’une question de musique ? (…) Il est donc temps d’ajouter que le style est à la fois une musique et une manière de regarder les choses, ou si l’on préfère une attitude ou encore une façon d’être, ou un point de vue, dans le sens où il s’agit de choisir la place, l’emplacement à partir duquel on observera le monde. » (Ardoise, Julliard, page 30).
Du grand DJIAN, comme d’habitude.

Alexandre Anizy

Publié dans Notes culturelles

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