David Foenkinos fait le malin avec délicatesse
Nous avons un point commun avec David Foenkinos : nous fréquentons le même club de tennis (à cause des enfants). Derrière la lice, David la joue modeste et "cool", mais Foenkinos fait le malin dès qu'on lui demande à brûle-pourpoint quel est son meilleur livre : « la délicatesse (Gallimard, janvier 2010, 201 pages, 16 €) », répond-il du tac au tac.
L'incipit du roman recommandé par l'auteur en condense les qualités :
« Nathalie était plutôt discrète (une sorte de féminité suisse). »
Pas mal, reconnaissons-le.
Mieux : la première page vous donne le rythme, l'état d'esprit du personnage, les mots et les jeux de l'écrivain. Ce qu'on résume par le "style" ou encore par : avec Foenkinos, y a du Souchon dans l'air !
Humour, désinvolture, légèreté, ce sont les termes justes qui reviennent couramment quand on parle d'un des meilleurs écrivains de sa génération (dit-on). Tellement léger, Foenkinos, qu'il lui arrive d'empiler avec délicatesse des conneries du genre :
« C'est toujours ainsi. On vit sous le diktat des désirs des autres. Nathalie et François ne voulaient pas devenir un feuilleton pour leur entourage. » (p.26) ;
Ou encore :
« Les enfances en Suède ressemblent à des vieillesses en Suisse. » (p.74)
Mais vous ne ferez pas trop attention aux bêtises, parce que le roman de Foenkinos se lit vite, façon "deux minutes trente-cinq de bonheur".
Un critique sévère dirait que « c'est du Marc Lévy amélioré, du ML+1 », une groupie indulgente s'écrierait que « Foenkinos est un Gavalda au masculin ».
Et nous qui ne sommes ni critique, ni sévère, ni groupie, nous aimons bien Gavalda ! (lire nos notes etc.)
Alexandre Anizy