Edwin Le Héron : la PpL des banques (V)

Publié le par Alexandre Anizy

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La politique monétaire de la banque centrale

La banque centrale (BC) ne cherche pas à maximiser ses profits. Son premier objectif est d’assurer la qualité du signe monétaire.

 

La BC ne peut pas empêcher directement la création monétaire. Elle agit sur les banques de second rang (et donc indirectement sur l’économie) que par la fixation du taux d’intérêt du marché monétaire, par une politique d’open market, par une politique de réserves obligatoires (dont l’objectif est de changer le besoin de liquidités des banques). Mais parce que la BC peut provoquer un effondrement du système bancaire au moyen d’une crise provoquée de liquidités, elle se garde bien d’instaurer une politique de contrainte forte de liquidités sans avoir vérifié préalablement que les banques les plus importantes ne seront pas touchées.

 

« La BC ne peut pas non plus provoquer la création monétaire. Seule une demande d’un agent non financier peut être à l’origine de la croissance de l’offre de monnaie des banques commerciales. La demande de monnaie est motrice. » (Edwin Le Héron, p.108)

Néanmoins, par son discours et son comportement, la BC influe les acteurs économiques : il faut noter qu’ « Ainsi la politique monétaire connaît une certaine « efficacité » par son action sur la demande de monnaie (modification du prix de la monnaie et de la confiance des agents non financiers) plutôt que sur l’offre. » (ELH, p.109)  Autrement dit, la BC est d’autant plus efficace lorsqu’il s’agit de freiner la croissance monétaire ; dans le cas contraire (i.e. susciter la création de monnaie), l’échec est au bout du chemin comme l’a confirmé celui de la politique monétaire de taux zéro au Japon.

 

Avec les banques commerciales, la politique monétaire de la BC consiste à peser sur les coûts de production de la monnaie :

  • Soit directement par le taux d’intérêt du marché monétaire ;
  • Soit indirectement en modifiant les réserves obligatoires, ou en intervenant sur le marché par des apports ou des reprises de liquidités (politique d’open market) ;
  • Soit en modifiant à la hausse les règles prudentielles, ce qui implique une augmentation du coût de fonctionnement des banques.

Agir sur l’un de ces 3 éléments permet de modifier le coût de refinancement des banques, qu’Edwin Le Héron nomme taux exogène du marché monétaire. « Ce taux est largement conventionnel (ce qu’affirmait déjà Keynes). » (ELH, p.109)

Chaque banque centrale possède sa tradition institutionnelle, ses routines, son mode de pensée économique : « L’examen minutieux des discours, des publications régulières, (…), renseigne sur la convention et le modèle sous-jacent utilisés par la banque centrale. Nous pouvons les résumer dans la fonction de réaction de la banque centrale. » (ELH, p.109) C’est une fonction propre à chaque BC et pour un moment donné … mais fortement dépendante du mode de pensée économique dominant et de la tradition locale.

« La politique monétaire est considérée comme « crédible » lorsque les agents économiques pensent que la BC ne changera pas de comportement et continuera à suivre les mêmes règles, donc que sa fonction de réaction est stable. Nous parlerons de « confiance » lorsqu’il y a compréhension mutuelle entre la BC et les agents économiques, c'est-à-dire lorsque les actions de la BC sont en adéquation avec celles des autres agents.» (ELH, p.111et 112)

Une fonction de réaction stable n’implique pas un taux directeur stable.

 

(A suivre)

 

Alexandre Anizy

 

 

Rappel : « La préférence pour la liquidité des banques : une analyse postkeynésienne du comportement bancaire » est la contribution d’Edwin Le Héron au numéro des Cahiers lillois d’économie et de sociologie titré « Monnaie et taux d’intérêt en analyse keynésienne »  (L’Harmattan, septembre 2002, 182 pages, 16 €).