La vie de Durruti recomposée par Hans Magnus Enzensberger
En 1972, l'écrivain allemand Hans Magnus Enzensberger publiait « le bref été de l'anarchie » (traduit en 1975 chez Gallimard, réédition décembre 2010, 420 pages, 11 €), dans lequel il retraçait le parcours terrestre de Buenaventura Durruti, un leader charismatique des anarchistes espagnols de 1936.
Ceux qui méconnaissent cette période historique seront captivés par ce récit, à la fois personnel et collectif. Grâce à la méthode employée par l'auteur, ils seront abreuvés de faits précis, qui plus est relatés sous divers angles, grâce à des témoignages variés. "Examen critique" deviendra une expression familière pour certains d'entre eux.
Sur le plan politique, nous ne doutons pas que beaucoup tomberont des nues en découvrant le rôle et le poids du mouvement anarchiste dans la Guerre civile espagnole, en apprenant les turpitudes des communistes inféodés à Moscou et les contradictions du mouvement républicain.
Du point de vue littéraire, ce livre en étonnera plus d'un, parce que c'est un assemblage de documents¹ que Hans Magnus Enzensberger qualifie de roman, rappelant ainsi au lecteur l'importance de sa subjectivité dans l'élaboration de l’œuvre : la vie de Durruti recomposée en 1972 à partir de papiers divers, d'entretiens avec les acteurs rescapés de l'enfer, etc. Dans le choix des pièces repose le travail du romancier.
Nous vous invitons à sauter dans le torrent de vie de Buenaventura Durruti.
Alexandre Anizy
¹: pour d'autres raisons, nous avons partiellement adopté cette manière dans notre récit « instruction ordinaire » (éditions Noirval, juin 2011, 19 € ou bouquinel à 9,49 €)