Le bégaiement d'Hubert Védrine

Publié le par Alexandre Anizy

Même si la thèse de Jean-Claude Paye n'allait pas jusqu'à sa conclusion, à savoir le démantèlement de l'Union Européenne (lire notre note précédente), ses arguments fondés sur des faits avérés devraient agiter les professionnels de la prospective, les chroniqueurs des relations internationales, les diplomates expérimentés dont fait partie Hubert Védrine. Malheureusement, son dernier papier publié dans Marianne (3 juillet 2010) montre son incapacité à dépasser le vieux paradigme.


Que dit-il exactement ? Après avoir affirmé qu' « il existe aujourd'hui un fétichisme du franco-allemand qui ne correspond pas à la réalité », et que « le pathos sur l'éventuelle relance du couple est d'autant moins pertinent qu'à l'évidence le terme "couple" n'est pas adéquat », il persiste à dire que « l'entente étroite et confiante entre la France et l'Allemagne demeure irremplaçable ».

Ayant posé ce postulat, il en découlera par exemple que, si « néanmoins le compromis s'imposera », on devine que « le fétichisme allemand de la BCE » ne sera éventuellement amendé que sur des points secondaires d'organisation. Si Védrine se heurte au principe de réalité, il n'est le seul, hélas (1).


Le bégaiement d'Hubert Védrine est inquiétant puisqu'il l'empêche de concevoir une alternative diplomatique d'envergure. Comme les experts et les diplomates fréquentent les mêmes gens et les mêmes cercles, quelles que soient leurs couleurs politiques, on peut penser qu'aucun scénario pour sortir de l'impasse allemande actuelle n'ait été réellement cogité au sommet de l'État français.



Alexandre Anizy


  1. : lire la tribune cosignée par Martine Aubry et son collègue allemand du SPD dans le Monde du 14 juillet 2010.