Tristan Garcia est un mauvais faiseur

Publié le par Alexandre Anizy

         Personne n’a dit au normalien Tristan Garcia qu’il n’était pas obligé d’écrire : c’est dommage. Les tables des librairies ont gagné des produits racoleurs, et ce "jeune homme" a raté sa première vie puisqu'il s'acharne depuis 6 ans à balancer sur le marché au moins un bouquin par an, afin de prendre une place significative dans le champ culturel. Bon courage, mon petit...

 

         En août 2008, il sortait avec succès (les éditeurs ne crachent pas sur les avantages du "réseau corporatiste") un premier roman parfaitement ciblé pour le bruit médiatique : Marais, sida, jeunesse bohème… En cet automne 2013, il va cartonner avec son Faber. Le destructeur (Gallimard, août 2013, en livrel au prix exorbitant de 15,99 €). La nouvelle cible ? Les vieux cons de 68 et leurs rejetons de 83. Dans le concert de louanges pas toujours désintéressées qui accompagna la parution de l'objet, nous serons donc un grain d’honneur de la littérature.

 

         Commençons par dire que le carriérisme congénital de Garcia se révèle déjà dans le titre, en n’osant pas le pur oxymoron « Faber destructeur » : on flatte d’un côté les germanopratins qui se piquent de culture, et de l’autre côté on soigne sa courbe des ventes.

         Poursuivons en relevant des expressions ridicules comme « l'odeur médicamenteuse des peupliers noirs », « Entre les murs écroulés de livres ». Hulm, c'est pathétique... Voulant œuvrer coûte que coûte chaque année et peut-être aspirant, quién sabe, à devenir le Lucky Luke de l'édition française, l'écrivailleur Garcia en vient à négliger le style et le reste.

         Finissons avec la pensée profonde de l'auteur : « Nous étions des enfants de la classe moyenne d'un pays moyen d'Occident (…) une génération après une révolution ratée. » 68, une révolution ? Sans doute est-ce là le fruit d'un abus de "Que sais-je ?". Quant à la vision moyenne des choses, elle s'inscrit dans un courant d'air houellebecquien, qui s'exporte bien il est vrai.

 

         Ayant usé ses culottes sur les bancs d'une grande école publique, tous frais payés et rémunéré par-dessus le marché, Garcia régurgite les leçons d'architectonique. Malheureusement, il veut tellement épater le lecteur que son roman tourne en eau de boudin. 

         Le faiseur Garcia est le Zéro de la rentrée.

 

Alexandre Anizy

Publié dans Notes culturelles

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