Doigts de Higashino sur mezzanines de Françoise Nyssen
Chez Actes Sud, on ne perd jamais le nord, comme chez Keigo Higashino.
Dans Les doigts rouges (Actes Sud, 2018, en livrel), le japonais Keigo Higashino livre un polar de bonne facture : si le style ne brille toujours pas (1), la méticulosité architectonique mérite notre reconnaissance.
Dans cette histoire, le lecteur connaît l'assassin : tout l'intérêt se porte donc sur le maquillage du crime qui évolue en fonction des progrès de l'enquête, avec un dénouement qui montre un oubli trompeur.
Hasard ? Nous lisons ce "rompol" au moment où le Canard enchaîné révèle que Françoise Nyssen, patronne propriétaire des éditions Actes Sud (via une cascade de sociétés visant une optimisation fiscale tout à fait légale), présentement et accessoirement ministre de la Culture notamment en charge des bâtiments et monuments historiques, a peut-être posé une nouvelle fois par inadvertance son cul sur le Code d'urbanisme, lorsqu'elle décida d'agrandir son bien immobilier du 18 rue Séguier à Paris... Ou bien "pas vu, pas pris... et après, si malchance, on régularise le méfait à moindre coût", était-ce le plan ? Ou bien « Négligence » en Arles (selon ses propres mots), oubli à Paris ?
Grâce à Keigo Higashino, on sait que la simulation du détraquement peut être un stratagème efficace.
En France, les voleurs de pomme vont en prison, quand les rappeurs friqués y passent vite et quand les mauvais citoyens comme la milliardaire Liliane Bettencourt et le comte Jean Lefèvre d'Ormesson (évasion fiscale en Suisse pour l'une, au Lichtenstein pour l'autre) échappent aux justes poursuites judiciaires : l'Etat de Droit fonctionne, mais pour qui ?
Chez Keigo Higashino, la vieille dame donne des indices ; Françoise Nyssen obtiendra-t-elle une immorale indulgence de l'Etat contre son retrait en coulisse (2) ?
Alexandre Anizy
(1) Voir notre billet :
http://www.alexandreanizy.com/article-un-cafe-maison-de-keigo-higashino-108824801.html
(2) Pour les politicards et les serviteurs de l'élisphère comme Jupiter, le pouvoir n'est qu'un théâtre où les comédiens changent de rôles. (Aveuglé par la soif de reconnaissance et le goût du pouvoir, Jean-Luc Mélenchon conversait en privé, lui respectueusement, avec le délinquant Serge Dassault et le comte fraudeur Jean Lefèvre d'Ormesson...)