Connivence des fils de collabos ? Les cas FERNANDEZ et JAMET

Publié le par Alexandre Anizy

Dominique FERNANDEZ n’a pas trop souffert des saloperies de son père pendant l’Occupation. Il est même devenu académicien. Mais à l’automne de sa vie, il s’est penché à nouveau sur son affaire familiale avec son livre « Ramon » (Grasset, 815 pages, 24,90 €). Si on sait que l’Histoire n’y gagne rien, qu’en est-il de la littérature ? Pas grand-chose : « Il n’est pas certain que la vie de Ramon FERNANDEZ mérite un tel effort d’investigation, ni que son fils dispose du talent qui pourrait le justifier. » (Philippe LANçON, Libération du 15 janvier 2009) Que Philippe LANçON soit remercié ici pour sa note iconoclaste.  

Pourtant, le livre de Dominique FERNNDEZ a bénéficié d’une exposition médiatique exceptionnelle, qu’on peut aussi qualifier d’indécente, voire d’écœurante.

 

En septembre 2008, dans un article de sympathie pour Dominique JAMET, mais qu’on peut aussi voir comme un premier acte de l’aguichage  pour son livre, Dominique FERNANDEZ affirmait que c’est « l’époque qui avait lézardé l’honneur de son père » [i.e. celui de JAMET]. Ce jugement compréhensif, émanant d’un académicien forcément pondéré, ne sonne-t-il pas après coup comme une « mise en condition » pour la sortie de « Ramon » ? Quoi qu’il en soit, l’académicien ne pouvait pas s’empêcher une rosserie : « Le livre est documenté avec soin, au point qu’on ne sait plus quelquefois si on lit une fiction ou si on consulte des archives. Tant mieux, car ce n’est pas l’écriture, honnête et terne, qui fait le prix d’ « un traître », mais la qualité de l’information (…). »

Dominique JAMET a en effet commis un roman intitulé « un traître » (Flammarion, 2008, 392 pages, 20 €), sur l’histoire d’un Jean Deleau qui de traducteur passera au rang de chef d’une Gestapo française locale. JAMET décrit sans condamner un engrenage implacable, récit de l’infamie ordinaire. Mais dans un livre précédent (« un petit parisien »), il avait déjà raconté ce Passé, avec celui d’un père collabo qui fut condamné à la Libération. Malgré les propos d’incompréhension de Dominique JAMET à l’égard du comportement de son père, ne faut-il pas interpréter cette répétition comme un pardon octroyé par un fils ?

 

De ces 2 livres, qu’en penserait un fils MANOUCHIAN ?

 

Alexandre Anizy

P.S. : à notre connaissance et à ce jour, JAMET n’a pas renvoyé l’ascenseur à FERNANDEZ (une règle dans le milieu germanopratin). Est-ce pour cause d’éthique professionnelle (ne riez pas, car certains pratiquent encore cette forme désuète d’honnêteté intellectuelle) ou pour cause de représailles (celles d’un écrivain « honnête et terne » à l’encontre d’un académicien hautain) ?