Echenoz s'amuse avec Gérard
En bon artisan tenant à prouver son aptitude tout-genre, Jean Echenoz a fabriqué un polar à sa manière.
Dans Vie de Gérard Fulmard (éditions de Minuit, janvier 2020 ; en livrel), il s'agit de casser les codes du genre, de les détourner, voire de les sublimer :
« Au-delà de ce cadre, la perspective urbaine a l'air d'un grand lit plus ou moins fait sur lequel s'accumule un fouillis d'étoffes diverses, châles de pierre et de plaids en béton, écharpes d'étages et froncis de balcons, jetés de terrasses sur camaïeu froissé de draps clairs, patchwork de couvertures pâles à carreaux de zinc, de plomb, d'ardoises ― et plus loin encore, au bord de l'horizon, la ville prend un tour portuaire sur une mer floue de banlieues étales, bornée par le donjon de l'hôtel Hyatt Regency qui lui tiendrait lieu de phare. » (p.69/182)
Chapeau bas !
Mais ce mois-ci, nous avons préféré la distanciation ironique de Franz Bartelt (lire le billet de la semaine dernière, et ici et ici ) à la docte démonstration d'Echenoz.
Alexandre Anizy