Que le niveau baisse au PS, qui le contestera après avoir lu la tribune signée par Martine Aubry dans le Monde du 28 août en guise d’introduction à « l’université » d’été de La Rochelle ?
Nous ne savons pas qui a réellement écrit cet article (il paraît que les hommes politiques d’envergure – ce qu’est la fille du social-traître Jacques Delors - ne rédigent pas leurs discours et autres interventions), mais il aurait pu nous épargner cette faute grammaticale :
« Généraliser les possibilités de formation, de reconversion ou d’actions d’intérêt collectif : ce chantier est demain, pour le monde du travail, à l’échelle de ce que furent l’école sous la IIIème République et la Sécurité sociale à la Libération. »
Il nous semble que le futur (« ce chantier sera demain ») eût été préférable, n’est-ce pas ? Commençons donc par suggérer pour l’auteur une formation générale de « Français » dans l’école de la Vème République. Puis essayons d’interpréter cette faute inattendue chez « l’élite républicaine ».
Il est possible que l’auteur ait réellement voulu dire cette expression oxymorique : [aujourd’hui] est demain. Dans ce cas, nous rappelons que la transposition d’un argument de science-fiction dans le domaine de la politique n’aboutira qu’à une manifestation réelle du vide intersidéral, à savoir la déroute électorale.
Il est possible aussi que l’auteur ait lâché inconsciemment sa perception immédiate des choses, à savoir que « son chantier de demain » existe déjà aujourd’hui … Dans ce cas, où est la différence avec la droite ?
Concernant les éléments de langage (comme on dit à l’Elysée), nous suggérons au Secrétaire Général du PS de ne pas abuser de concepts aussi fumeux que « postproductivisme », « avenir postmatérialiste », d’autant plus qu’en matière de « poste », le PS a opté pour la privatisation depuis belle lurette ! (une conséquence inéluctable du « marché intérieur européen » recommandé par le social-traître Jacques Delors dès 1986)
De plus, si Martine Aubry invoque à 2 reprises « la France qu’on aime », nous lui recommandons de dire plutôt « je » ou « nous » : en politique, le « on » est-il convenable ?
Venons-en aux valeurs défendues par le PS, car « 2012 sera [le combat] des valeurs » :
« Je revendique, comme horizon de ce nouveau modèle de développement, une civilisation de dignité. » :
Sarkozy en dira autant sans s’étrangler (ni ses amis milliardaires) ;
« répartir mieux pour sécuriser l’emploi et mobiliser chacun est une règle forte et juste » :
Sarkozy raillera sans peine les vieilles lunes de la répartition socialiste et surfera éventuellement sur les efforts nécessaires pour la sécurité face à un choc de civilisation ;
« A quand les conseils d’administration ouverts aux travailleurs et à la parité femmes / hommes ? » :
Sarkozy fera valoir que les conseils d’administration sont déjà ouverts aux représentants des travailleurs, et qu’en matière de parité il a fait plus en 5 ans que les socialistes en 20 ans ;
« Il s’agit d’inventer un Etat capable de prévoir et d’agir à temps » :
Sarkozy prétend déjà le faire en le « réformant » ;
« définir une croissance sélective pour produire utile, sobrement et proprement » :
n’est-ce pas le discours du Grenelle de l’environnement orchestré par Sarkozy ?
Arrêtons-là l’inventaire de Martine Aubry ! On croirait lire le futur catalogue de Sarkozy !
Pour conclure, revenons sur le slogan de l’article : une offensive de civilisation. En effet, dans le texte, Martine Aubry insiste sur « la panne de civilisation », « une civilisation de la dignité », les « enjeux de civilisation ». Le problème : elle a oublié (vraiment ?) que le Président ubiquiste Sarkozy de Nagy Bocsa avait déjà enfourché ce cheval de bataille. « Il faut inscrire la politique dans la longue durée et dans la profondeur d'un projet de civilisation », disait-il en janvier 2008.
Pour Martine Aubry qui se veut un tantinet combattante, à ce niveau la bêtise est pathétique.
Alexandre Anizy