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Premier meurtre de Leena LEHTOLAINEN

Publié le par Alexandre Anizy

Née en 1964, Leena LEHTOLAINEN est finlandaise. Après avoir écrit 2 livres pour la jeunesse, elle publia en 1993 son premier polar intitulé « Mon premier meurtre » (éditions Gaïa, 218 pages, 16 €).

 

Malgré tous nos efforts, nous avons débarqué de cette histoire, mortellement assommés par l’ennui : page 67 précisément.

 

Comme c’est le début de la série de l’inspectrice Maria Kallio, espérons que Leena LEHTOLAINEN ne soit pas un « serial writter ».

 

Alexandre Anizy

L'épouse inconnue de Leif DAVIDSEN

Publié le par Alexandre Anizy

« L’épouse inconnue » (édition Gaïa 2007, 375 pages, 21 €) est le dernier polar du danois Leif DAVIDSEN, que nous classons parmi les meilleurs auteurs de ce genre (lire note du 24 juin 2007).

 

Marcus, homme d’affaires danois, a épousé une Russe : au cours d’une croisière entre Moscou et Saint-Pétersbourg, sa femme disparaît …

Marcus part à la recherche de Nathalie (la Place Rouge était blanche … avec ou sans BéCAUD) : il découvrira le passé de sa femme et le présent de ce grand pays, que d’aucuns jugent immuable.

 

Leif DAVIDSEN montre une nouvelle fois l’étendue de son talent et de ses connaissances sur les pays de l’Europe Centrale et de l’Est.

Apprendre en se distrayant : n’est-ce pas le rêve des potaches ?

 

 

Alexandre Anizy

La rétention de sûreté est une prescription médicale comme l'asile ou le goulag

Publié le par Alexandre Anizy

La décision des Sages (le sont-ils vraiment ?) du Conseil Constitutionnel a censuré partiellement le texte qui lui était soumis : signe d’une difficulté pour préserver les grands principes constitutionnels ?
 

Notons l’absence de 3 Sages lors de cette séance du 21 février 2008 : Pierre JOXE, Valéry GISCARD D’ESTAING, Jacques CHIRAC. Réflexe de prudence du politicien ?


La rétention de sûreté
n’est donc pas une peine, mais une mesure de sûreté, ce qui autorise l’application rétroactive du texte : ah ! C’est qu’ils ont bien finassé les conseillers des Sages.


Ce que rétention de sûreté veut dire
 : « Il [un détenu ayant achevé sa peine] restera retenu sans infraction, sans jugement, sans peine prononcée, parce qu’il est dangereux, auteur virtuel d’infractions éventuelles. » Jean-Denis BREDIN et François SUREAU, Avocats au barreau de Paris (le Monde 22 février 2008)

En d’autres temps, sous d’autres cieux, le lieu de rétention de sûreté s’appelait le goulag ou l’asile psychiatrique.

 
« En quelques mois un gouvernement et la majorité du Parlement nous ont soumis à un droit nouveau (…) : devrait s’imposer à nous l’idée que « l’autre » n’est pas un semblable. Ainsi en est-il de l’individu « dangereux ». Ainsi en sera-t-il sans doute un jour de l’étranger qui nous serait « étranger par nature ». » (Jean-Denis BREDIN et François SUREAU, idem)

 
« Mais pour préserver les apparences du droit, il fallait à tout prix insérer le juge dans ce sinistre mécanisme, le juge judiciaire (…). La décision de rétention de sûreté sera donc prise par une « juridiction régionale de la rétention de sûreté » composée d’un président de chambre et de deux conseillers à la cour d’appel. » (Jean-Denis BREDIN et François SUREAU, ibidem).

« Mais on voit l’utilité de ces dispositions : le juge est sommé de couvrir de sa vertu et de sa dignité le mépris du législateur pour le droit. » (Jean-Denis BREDIN et François SUREAU, ibid.)
C’est exact, messieurs. Et comme pour les Sections Spéciales de Vichy, trouveront-ils ds volontaires ?

 

Est-ce que ce monde est sérieux ? Les juristes sont-ils vraiment sages ?

 
Mais heureusement, déjà il paraît que,

Du fond des ruelles germanopratines,
On entend mugir les philosophes antitotalitaires,
Qui cocktailiseront dans les salons de la République
Et se montreront surtout à la télé : 
Un petit tour avant que de s’envoler
Pour Tanger ou la Tchétchénie.

 
Alexandre Anizy

Société Générale : qui ment ?

Publié le par Alexandre Anizy

Dans l’affaire de la Société Générale, qui ment ?

La première ligne de défense de la Société Générale a été de dénoncer la fraude d’un homme seul.

Le trader Jérôme KERVIEL a quant à lui affirmé qu’il n’avait pas de complice(s) … mais que ses supérieurs ne pouvaient pas ne pas savoir l’ampleur des positions qu’il prenait : la soumission des traders à une limite du risque quotidien n’était que théorique puisque cette barrière était fréquemment franchie.

Lors de son audition par la Brigade financière, un supérieur hiérarchique du trader, Martial ROUYèRE, responsable de la salle « delta one », a affirmé que ses 8 traders ne pouvaient pas dépasser ensemble le seuil des 125 millions d’euros de risque résiduel quotidien.

Les investigations ont montré que le trader Jérôme KERVIEL avait pris des positions ouvertes très importantes dès le mois de juillet 2007 … ce qui lui avait permis in fine de dégager des gains de 500 millions, puis de 1,4 milliard d’euros !

Comment Martial ROUYèRE et les autres contrôleurs pouvaient-ils ignorer les coups de poker extravagants du trader Jérôme KERVIEL ?

 
Par ailleurs à la fin de 2007, FIMAT, la filiale à 100 % de la Société Générale, enquêtait en interne (toujours en cours) sur les ordres (des volumes financiers gigantesques sur les marchés à terme) provenant du trader Jérôme KERVIEL, tandis que son correspondant (chez FIMAT) empochait de grosses commissions sur des opérations de grande ampleur sur le marché au comptant.

 

Alexandre Anizy

ARCELORMITTAL : les bobards de Lakshmi MITTAL

Publié le par Alexandre Anizy

En plein raid sur ARCELOR, en avril 2006, le capitaliste Lakshmi MITTAL invitait presse, radios et télés sur le site industriel de Gandrange qu’il appelait « sa vitrine sociale » pour délivrer son message : il ne toucherait pas aux emplois et aux outils de production qu’il trouvait très performants.

Contrairement à ce qu’affirmait à l’époque le ministre de l’Economie Thierry BRETON, Lakshmi MITTAL connaissait très bien la grammaire des affaires.

 
Incroyable ! Ce qui était très performant en avril 2006 devient en 2007 une unité de production pas assez compétitive, avec 30 millions de pertes paraît-il. Pourquoi ? « Les coûts de production y sont trop élevés et, avec la hausse des matières premières, nous avons intérêt à nous approvisionner ailleurs plutôt que de produire l’acier nous-mêmes. », dit le directeur du site Bernard LAUPRÊTRE.
Dites, Mr. LAUPRÊTRE, ce changement stratégique des approvisionnements était-il impensable en avril 2006 ?
 

Fiction économique (pour les cinéphiles, proche du mécanisme dépeint dans « Mille Milliards de dollars » de Henri VERNEUIL avec Patrick DEWAERE) :

  • Vous prenez par exemple une multinationale industrielle intégrée (i.e. maîtrisant toute la chaîne, des matières premières aux produits finis) ;
  • Toutes choses égales par ailleurs, elle souhaite améliorer ses profits ;
  • Comment peut-elle justifier la quasi fermeture d’un site « performant » dont les coûts élevés de production sont connus depuis longtemps et qui n’ont pas tous variés de manière significative durant l’année incriminée ?
  • Réponse : en ne maîtrisant pas le prix d’un intrant (les matières premières par exemple) ;
  • Vous obtenez un site déficitaire en 1 an. 

Question à Mr LAUPRÊTRE : qui fournit en 2005, 2006 et 2007 les intrants du site de Gandrange ? À quels prix ? Etc.

 

ARCELORMITTAL a présenté ses résultats pour 2007 : bénéfice net en hausse de 30 % (7,5 Milliards €) pour un Chiffre d’Affaires en croissance de 18,8 %, sans avoir augmenté sa production d’acier.

Le nouveau projet industriel de MITTAL pour Gandrange est le suivant : on arrête la production d’acier (soit 595 emplois supprimés, soit 60 % environ de l’effectif total) et on spécialise le site avec le laminoir LCB.

« C’est n’importe quoi, tout le monde sait que le laminoir est voué à la fermeture s’il est coupé d’une alimentation sur le site. » dit Jacky MASCELI, élu de la CGT.

« Ils disent qu’ils vont l’alimenter par l’Allemagne qui est à 400 km … et puis un jour ils nous diront que les coûts de transport sont trop élevés et il faudra fermer le site », prédit Edouard MARTIN, membre de la CFDT.

A Gandrange, on connaît la stratégie du salami : pour l’avaler, on le découpe par tranches plus ou moins fines.

 

Mais le Président ubiquiste SARKOZY DE NAGY BOCSA a déjà obtenu la suspension du plan de fermeture partielle du capitaliste MITTAL : jusqu’au début d’avril.

Après les élections, pour ceux qui n’auraient pas suivi.  

Le Président ubiquiste SARKOZY DE NAGY BOCSA a promis qu’il rencontrerait le capitaliste MITTAL avec un contre-projet pour sauver l’usine.

Le député Aurélie FILIPETTI (PS, ex Verts) estime que « (…) SARKOZY fait fausse route lorsqu’il promet (…) de l’argent public pour sauver l’aciérie [de Gandrange]. Nous refusons que se répète cette logique choquante de privatisation des bénéfices et de nationalisation des pertes. »
Mais faut-il rappeler que Bruxelles veille (pas d’immixtion de l’Etat dans les affaires !), que ARCELORMITTAL n’est pas vendeur ?

Alors ?
« C’est le Président de la République après tout. S’il prend des engagements, il ne peut pas agir à la légère », dit Xavier LE COQ, membre de la CFE-CGC. 

Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent : tout le monde ne l’a pas encore compris à Gandrange, ou ailleurs.

 
Alexandre Anizy

Allemagne : une élite crapuleuse ?

Publié le par Alexandre Anizy

C’est le discret ministre des Finances allemand Peer STEINBRÜCK qui aurait avalisé la décision des Renseignements Généraux d’acheter un CD confidentiel (pour un prix de 5 millions d’euros) contenant des informations sur la banque LGT basée au Liechtenstein, paradis fiscal bien connu (notamment du comte Jean LE FèVRE d’ORMESSON qui se cachait en 2003 derrière les sociétés fiduciaires Quassi et Escuadro disposant respectivement de 7 et 9 millions d’euros sur leurs comptes : Express 16 octobre 2003), qui abriterait 4 Milliards d’euros d’évasion fiscale (allemande) : l’Allemagne attend les noms des 1.000 fraudeurs.

 
Avec la caisse noire de Siemens (rappel : plus de 1 Milliard découvert à ce jour par l’enquête judiciaire), on savait que l’industrie allemande pouvait utiliser les mêmes méthodes que ses concurrentes.

Avec le scandale VolksWagen, on savait comment le Directeur des Ressources Humaines Peter HARTZ achetait la paix sociale dans le groupe : en payant des putes à un leader syndical maison, entre autres choses.

Plus de 1.000 perquisitions seraient prévues dans la semaine et dans le plus grand secret, dit-on en Allemagne. Mais est-il raisonnable de penser, compte tenu du nombre de fonctionnaires impliqués par ces futures fouilles et compte tenu du rôle social des fraudeurs, qu’il n’y a vraiment aucune fuite ?
Après le Président de la Deutsche Post Klaus ZUMWINKEL, à qui le tour ?
 

« Quand les élites ne comprennent plus qu’elles doivent respecter les lois, c’est grave », a dit le ministre conservateur de l’Intérieur Wolfgang SCHAÜBLE.

On croirait lire Jean-François KAHN.

 
Alexandre Anizy

KOSOVO (II) : erreur fatale

Publié le par Alexandre Anizy

Pour une fois que le journaliste (mais aussi membre du Conseil de Surveillance de Libération) Bernard GUETTA sort de la vulgate européenne, nous le soulignons. Il commence ainsi son article paru dans « son journal » le 29 janvier et intitulé « Fatale erreur dans les Balkans » :

« Par bêtise, par lâcheté, l’Europe a programmé une crise imminente. Avec sa bénédiction, les Albanais du Kosovo s’apprêtent à proclamer leur indépendance. (…) mais un précédent va se créer, formidablement inquiétant et dangereux. Il le sera d’abord pour les Balkans, car, lorsque les puissances occidentales auront avalisé cette modification des frontières d’un Etat membre de l’ONU, c’est toutes celles de la région qui seront menacées. »

Il oublie néanmoins de préciser que 6 pays refusent de reconnaître un Etat du Kosovo : Espagne, Chypre, Grèce, Bulgarie, Roumanie et Slovaquie.

Il s’accorde avec Jean-Pierre CHEVèNEMENT (voir notre note du 18 février 2008) pour constater le danger de l’instabilité en Europe :

« Pourquoi les Albanais de Macédoine ne se sentiraient-ils pas encouragés à reprendre les armes pour sortir de ce pays où ils sont trop minoritaires à leur goût ? »

 

« (…) puisque les Balkans ont vocation à l’intégrer [l’Union Européenne, ndaa]. Non seulement l’Union se tire une balle dans le pied, mais elle se contredit elle-même, dans la plus totale incohérenceElle s’était attachée, durant toutes les guerres de Yougoslavie, à faire respecter les anciennes frontières intérieures de la Fédération, devenues frontières internationales. Elle s’était battue pour que soit maintenu le pluralisme ethnique des Etats nés de l’éclatement yougoslave. Elle en avait fait un absolu, une exigence morale si essentielle que c’est au nom de cet idéal qu’elle avait prolongé le conflit bosniaque par son refus d’une Grande Serbie et aujourd’hui … les Etats-Nations ? »

 

15 ans d’absolu, d’exigence morale, pour en arriver à cette « (…) stupéfiante légèreté dans ce tête-à-queue si porteur d’une renaissance des tensions (…) » : quelle pitié !

 
On notera au passage la grande souplesse de Bernard GUETTA : « La cohésion ethnique ? C’est alors par là qu’il aurait fallu commencer. Ce n’eût pas été si scandaleux, absolument pas (…) » Il serait temps que Bernard GUETTA arrête de penser absolument : des gens de peu en ont trop souffert.

 
Buvons le calice jusqu’à la lie : les Occidentaux ont manqué à leur parole donnée puisqu’ils s’étaient engagés à Dayton à ne pas rouvrir la question kosovare. Pourquoi ?

« Parce que l’Amérique considérait que l’indépendance du Kosovo était inéluctable, qu’elle l’encourageait (…). Inquiets, les Européens croyaient favoriser une négociation [en agitant le spectre de l’indépendance du Kosovo devant la Serbie, ndaa], mais ils n’ont réussi qu’à la rendre impossible car, dès lors que le Kosovo avait la certitude qu’il n’avait qu’à rejeter tout compromis avec Belgrade pour réaliser son rêve, sa route était tracée. Les Kosovars ont repoussé tout maintien d’un lien avec la Serbie. Ils ont tenu bon, gagné, et l’Europe a perdupar bêtise et lâcheté. »

Tout est dit : dès lors que les Etats-Unis affirmaient publiquement qu’ils reconnaîtraient un futur Etat du Kosovo si celui-ci était autoproclamé, il n’y avait plus d’objet de négociation.
 

Si l’Europe vient de commettre une fatale erreur dans les Balkans, comme l’écrit Bernard GUETTA, il serait bon enfin qu’elle s’interroge sur les raisons de ce « sabotage final » des Etats-Unis et sur leur ambition réelle sur le vieux continent ?

 

 
Pour comprendre ce fiasco européen au Kosovo, dont personne ne peut avec certitude en décrire toutes les conséquences, nous vous suggérons la lecture décapante du livre de Stanko CEROVIC « dans les griffes des humanistes » (éditions Climats 2001, 317 pages, 21,34 €).

Stanko CEROVIC : directeur de la rédaction serbo-croate de Radio France Internationale ; écrivain ; expert des affaires yougoslaves ; originaire du Monténégro ; opposant à MILOSEVIC.

Le chapitre 11 raconte les pourparlers de Rambouillet entre les Albanais de l’UCK et la Serbie. Nous vous laissons découvrir les détails, mais citons quelques points intéressants aujourd’hui.

« Il n’y eut pas de réels pourparlers et l’accord proposé par les Etats-Unis ne fut pas un compromis. (…) Dès Rambouillet, on avait foulé aux pieds toutes les règles de la diplomatie internationale appliquée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et de l’époque coloniale. » p. 118

« Les diplomates européens durent à Rambouillet assister à une parodie de pourparlers, cacher leur humiliation et accepter les bombardements qu’ils voulaient empêcher. » p. 119


« Les valets se retrouvent souvent dans une situation qui les obligent à endosser les erreurs de leur maître pour ne pas avoir à subir l’opprobre de s’être mis au service d’un mauvais patron. Je redoute que cela devienne un phénomène très fréquent dans la politique européenne des années à venir (…) » p.119

Cette phrase était prémonitoire. N’est-ce pas, Bernard GUETTA ?

 
Alexandre Anizy

Kosovo (I) : l'équilibre européen miné

Publié le par Alexandre Anizy

Dimanche 17 février 2008, Le KOSOVO a proclamé son indépendance : il souhaite entrer aux Nations Unies, adhérer à l’Union Européenne et obtenir les crédits qui vont de pair.

La Serbie a déjà déclaré que cette sécession était illégale : ses griefs seront présentés au Conseil de Sécurité de l’ONU.

 

Pour comprendre l’antagonisme entre les Albanais du Kosovo et les Serbes, nous vous indiquons 2 ouvrages.

D’abord, un mémoire de l’IEP Grenoble (1995) intitulé « la question du Kosovo » : c’est un travail universitaire de qualité, avec une bibliographie pour ceux qui veulent approfondir le sujet.

Dans cet ouvrage, vous découvrirez que l’Histoire a fait de cette région le creuset de 2 nationalismes antagonistes. Par exemple, « les Albanais ne se joignent pas aux soulèvements des populations contre les Ottomans. Ils luttent contre les avancées des Serbes en Métochie [moitié sud-ouest de ce qu’on appelle le Kosovo, ndaa] et se battront contre eux sur le front de Salonique (1916-1917). La résistance armée persistera jusqu’en 1924. Cette résistance est connue sous le nom de mouvement kacak. (…) Le but du mouvement était de rattacher le Kosovo et la Métochie à l’Albanie. (…) Les Albanais allaient après 1924 se replier sur eux-mêmes, s’enfermer dans leur communauté. Les conflits agraires et les discriminations subies attisaient la haine entre les ethnies. » (Chapitre 1.2.2.)

Durant la Seconde Guerre mondiale, les Albanais se rangèrent du côté des Italiens. « On estime que la milice volontaire albanaise Vulnetari qui groupait à peu près 5.000 hommes, assistée par les diverses formations paramilitaires, aurait exterminé 10.000 Serbes en 4 ans. (…) L’un des leaders albanais les plus influents, Feratbey Draga proclama la purification ethnique triomphalement en 1943 : « L’heure est venue de détruire les serbes … Il n’y en aura plus sous le soleil de Kosovo. » Parallèlement on tenta de recoloniser massivement le Kosovo en installant des familles venues d’Albanie sur les propriétés des Serbes qui avaient été expulsés. Ce processus se fit d’ailleurs selon un plan des autorités italiennes. » (Chapitre 2.1.1.)   

100.000 Serbes chassés, 75.000 colons albanais : le Kosovo a connu pendant la guerre un profond bouleversement ethnique, qui influencera son destin après-guerre.

En conclusion, les auteurs écrivaient en 1995 : « La « satanisation » des serbes et la simplification à l’extrême du conflit [yougoslave, ndaa] joue contre les intérêts serbes. (…) La question du Kosovo est indissociable de la question de l’éclatement de la Yougoslavie, (…). Il est fort probable que la guerre, qui a commencé au Kosovo, finira au Kosovo. »

 

L’autre source sera le livre d’entretien d’Ibrahim RUGOVA (un leader de la contestation albanaise au  Kosovo) « la question du Kosovo » (Fayard mai 1994, 261 p., 110 FRF)  On sort de ce livre avec le sentiment que rien ne rattache les Albanais du Kosovo (soit environ 90 % de la population) à la Serbie.

 

Dans son livre « l’effondrement de la Yougoslavie » (éditions de L’âge d’homme 1994, 174 p.), Dobrica COSIC (prononcer Dobritsa Tchossitch) écrivait : « Notre politique au Kosovo est dépourvue de perspective. Ce n’est, au fond, qu’une politique policière menée à la manière des communistes monténégrins. La force et la corruption en sont les principaux instruments. » (p. 124)

A Belgrade, a-t-on trouvé une perspective depuis cette année-là ?

 

Dans un article fort intéressant (Figaro 11 décembre 2007), Jean-Pierre CHEVèNEMENT soulignait les dangers de l’indépendance du Kosovo.

« Faut-il indéfiniment encourager au fractionnement, aux divisions, à la scissiparité, célébrer la mise en place de nouvelles frontières, alors qu’au même moment on exalte le dépérissement des identités nationales et l’ensevelissement dans le grand tout ? »

 
Après la chute du mur de Berlin et l’effondrement du bloc communiste, l’ordre en Europe est fondé sur un principe élémentaire : le respect des frontières existantes sauf à les modifier par consentement pacifique.

Ce n’est pas le cas pour le Kosovo.

« Va-t-on tout jeter bas ? (…) Souhaite-t-on vraiment se donner un nouveau prétexte de solide et bonne brouille avec la Russie ? », interrogeait Jean-Pierre CHEVèNEMENT.

 

Alexandre Anizy

Edward LIMONOV et les grands nègres

Publié le par Alexandre Anizy

Edward LIMONOV est un écrivain franco-russe, dont le parcours sinueux est susceptible d’en fasciner quelques uns.

« Le poète russe préfère les grands nègres » (éditions Ramsay 1980, 341 pages) vous donnera un aperçu du lascar : on sent l’influence de Charles BUKOWSKI, au zénith en ce temps-là.

 
Lorsqu’il revint en Russie, c’est pour jouer un rôle politique de 1er plan au sein du mouvement national bolchevique. Après quelques péripéties, LIMONOV et son groupe (le parti national bolchevique ayant fait scission)  concluent un accord électoral avec le parti de Gary KASPAROV, qui vient de renoncer à se présenter aux présidentielles. 

 
De temps en temps, Patrick BESSON nous parle de lui dans ses articles, parce qu’il l’a côtoyé à l’idiot international et qu’il apprécie tous ses livres : ce sont des chefs d’œuvre, selon lui.

 
Alexandre Anizy

Le retour de l'Etat dans l'économie

Publié le par Alexandre Anizy

C’est une tendance longue qui va commencer aux Etats-Unis, selon David FRUM dans le Financial Times : en novembre, les Républicains vont perdre la présidentielle, et ainsi s’achèvera 30 ans de domination du conservatisme.
Autrement dit, la fin du libéralisme est pronostiquée par l’ancienne plume de G. BUSH et l’inspirateur du discours sur l’axe du mal.

Les sondages confirment les signes d’un écroulement des thèmes chers à la révolution conservatrice, comme le rejet de l’impôt ou celui de l’Etat : « un désir d’un plus grand rôle de l’Etat, une perte de sensibilité à la question fiscale et un basculement à gauche sur la plupart des questions de société. »
Selon David FRUM, l’Amérique votera contre BUSH jusqu’en 2060 !
C’est une bonne nouvelle, n’est-ce pas ?

Et nous, et nous, et nous ?

Comme d’habitude, l’oligarchie européenne mettra 10 ans pour comprendre que l’Empire a changé de valeurs … puis elle prônera et appliquera sans pragmatisme le nouveau dogme, comme elle le fait aujourd’hui avec zèle pour l’ancien. (Voir aussi notre note économique « bientôt le protectionnisme ? » du 1 octobre 2007)
 

Le retournement s’opérera quand les classes moyennes, mais aussi une partie des ouvriers et des employés, constateront qu’ils profitaient autrefois de la redistribution et de la protection sociales, alors qu’ils ne voient et ne verront jamais la couleur de l’argent de leurs travaux supplémentaires.

L’engraissement des riches correspond à l’appauvrissement des classes moyennes. Mais pas seulement, évidemment.

 
Pour incarner cette nouvelle donne, en France notamment, il faudra de nouveaux acteurs, puisque toute la classe politique a plus ou moins accompagné cette vague libérale dévastatrice.

 

Alexandre Anizy