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Villiers-le-bel, Robert CASTEL et la discrimination négative

Publié le par Alexandre Anizy

Pour Robert CASTEL (historien et sociologue), les jeunes des banlieues issus de l’immigration sont toujours « assignés à résidence » comme des « étrangers de l’intérieur ». Selon lui, deux ans après les émeutes, le calme actuel est trompeur. Villiers-le-bel vient de lui donner raison. 

 
Les jeunes des banlieues accumulent les contre-performances sociales, parce que la discrimination négative les frappe fort. « Etre discriminé négativement, c’est être assigné à un destin sur la base d’une caractéristique que l’on n’a pas choisie, mais que les autres vous renvoient sous la forme d’un stigmate. » (R. CASTEL, nouvel observateur 11 octobre 2007, p.46)

« On refuse une citoyenneté effective à ces jeunes (…) pourtant pour la majorité d’entre eux de nationalité française. »

« Le rêve de promotion sociale n’est pas formellement interdit aux jeunes issus de l’immigration. La France n’est pas une société de castes ou d’apartheid » Au sens strict, c’est exact.

 
Mais comment faut-il interpréter, en dernière analyse, la cabale contre le ministre Rachida DATI ?
Pour nous, la France est déjà un ensemble de communautés d’intérêts.

 
Logiquement, Robert CASTEL en arrive à ceci : « Force est de constater qu’une dynamique de séparation est en train de s’installer (…). » Pour appuyer ses dires, il affirme : « Quand on parle de jeunes de la 3ème génération, on en vient ainsi, comme le dit Etienne BALIBAR, à fabriquer une catégorie sociale juridiquement et humainement monstrueuse, qui est la condition héréditaire d’immigrant. Immigré une fois, immigré toujours, de génération en génération, quelle que soit la nationalité acquise. » [C’est nous qui surlignons]

Et d’ajouter : « Cette coagulation de discrimination raciale et de dislocation sociale fait peser sur l’ensemble de la société une menace de sécession. »

 

Il nous semble d’une part que c’est le mythe de la communauté nationale qui s’est définitivement envolé, ce qui n’est pas rien tout de même. D’autre part, les communautés d’intérêts acceptent encore de se battre économiquement et politiquement dans le cadre juridique national.
On peut s’interroger sur la durée de ce sursis, quand on mesure le discrédit de l’administration judiciaire par exemple.

 
Alexandre Anizy

En Chine, Airbus se fera dépouiller

Publié le par Alexandre Anizy

Louis GALLOIS est un patron qui a des soucis : plus le dollar américain baisse, plus ses indicateurs de gestion clignotent en rouge avec un carnet de commandes bien rempli.

Quand l’euro gagne 10 centimes par rapport au dollar, les profits d’Airbus chuteraient de 1 milliard d’euros.

Autrefois, les entreprises sainement gérées utilisaient les mesures de couverture de taux de change : Jean-François KNEPPER affirme qu’Airbus est ainsi couvert jusqu’en 2010. Et après cette date ?

Maintenant, et toutes choses égales par ailleurs, la solution classique de ce cas de gestion (se prémunir des variations de change) consiste à délocaliser la production sur les marchés abordés : on fabrique ainsi en dollar dans une zone dollar, comme la Chine par exemple, en euro dans une zone euro. La Chine présenterait aussi l’avantage de réduire les coûts salariaux, augmentant d’autant les profits.

Louis GALLOIS a donc émis dans un journal allemand cette hypothèse de travail, qui favoriserait aussi les ventes, compte tenu de la politique d’achat et d’économie générale de la Chine : les ventes viennent d’être engrangées (160 appareils) en présence du Président ubiquiste SARKOZY DE NAGY BOCSA.  

 

Il n’est pas inutile de rappeler à Messieurs Louis GALLOIS, Thomas ENDERS et consorts la mésaventure récente de Schneider Electric avec son disjoncteur C60.

Ce grand Groupe a un concurrent local, la société Chint, qui n’a pas obtenu de brevet pour son modèle de disjoncteur NB1-63 mais qui a déposé « un modèle d’utilité en 1997 », i.e. une simple formalité sans expertise.

En septembre 2007, un tribunal de Wenzhou a condamné Schneider Electric à stopper la production du C60 pour cause de contrefaçon sur un minuscule crochet logé à l’intérieur du C60, et à payer 30 millions d’euros de dommages et intérêts à la société Chint.

« C’est absurde. Le copieur nous attaque et il finit par ramasser le pactole », assène Guy DUFRAISSE (directeur de Schneider Electric pour la Chine).

Le patron fondateur de Chint, cador de la province du Zhejiang,  s’appelle Nan Cunhui : il est bien entendu membre de l’Assemblée Populaire nationale et il fréquente le forum de Davos.

Pour comprendre le système chinois, nous vous renvoyons aux nos notes économiques concernant le bluff chinois.

 
Notre pronostic : en Chine, Airbus se fera dépouiller … comme les autres !

 
Alexandre Anizy

La France gréviste ? Les vrais chiffres

Publié le par Alexandre Anizy

Avez-vous résisté au matraquage des médias, pour qui la France est le paradis des grévistes ? Difficile, n’est-ce pas, tant le chœur est à l’unisson, même dans les services publics.

Voici quelques chiffres que vous ne lirez pas souvent dans la presse, que vous n’entendrez pas beaucoup dans les entreprises audiovisuelles. Nous les devons à François DOUTRIAUX qui les a sortis dans Libération du 14 novembre 2007.

 

Le nombre de journées individuelles non travaillées pour fait de grève

4 millions en 1976 ;

3,5 millions en 1984 ;

2,1 millions en 1988 ;

900.000 en 2000 ;

1,2 millions en 2005.

Si on élimine les pics de 1982, 1995 et 2001, l’ampleur et la fréquence des mouvements sociaux diminuent, quand la population active augmente.

 
Substitution public / privé

En 1982, 2,3 millions de journées dans le privé / 200.000 dans le public ;

En 2005, 224.000 dans le privé / 1 million dans le public.

La part du public dans les mouvements sociaux est de 3 % dans les années 70, 30 % dans les années 80, 60 % à partir de 95.

Dans le secteur privé, en 2005, le nombre de journées (224.000) rapporté aux 16 millions de salariés représente 0,001 journée par salarié et par an, soit moins d’une ½ journée pour une carrière professionnelle de 40 ans !

 

Plus de grèves en France ?

« Sur la période 70-90, la France est 11ème sur les 18 pays les plus industrialisés en terme de journées non travaillées pour fait de grève. Avec 0,15 journée par salarié et par an, elle est 7,6 fois moins conflictuelle que l’Italie (1ère), 3,2 fois moins que le Royaume-Uni (7ème), 1,6 fois moins que les Etats-Unis (8ème).

Sur la période récente 90-05, la France demeure 11ème sur 18 avec une conflictualité qui s’est effondrée (0,03 journée de grève par salarié et par an) (…). »

 
Sur la période 90-05, le modèle nordique, tant encensé par la classe politique, présente une facette qu’on se garde bien de révéler : le Danemark est en tête du palmarès, la Norvège est 4ème, la Finlande 7ème.

La « flexsécurité nordique », c’est une conflictualité nettement plus importante qu’en France.

Est-ce vraiment un choix rationnel ? Est-ce vraiment un choix politique judicieux ? Nous en doutons.

Plutôt le signe d’une pensée économique et politique sclérosée.

 

Les grèves françaises sont d’envergure nationale ?

Pour la période 70-90, les conflits sociaux locaux représentaient 51,2 % des journées non travaillées pour fait de grève, contre 34,9 % pour les conflits généralisés (une profession) et contre 13,9 % pour les journées nationales.

Pour la période 90-05, les conflits locaux représentaient 85 % des grèves, contre 14 % de conflits généralisés et contre 1 % pour les journées nationales !

Où est le blocage économique (la France otage !, disent-ils) dont nous parlent le Président ubiquiste SARKOZY DE NAGY BOCSA, ses sbires et les médias qui appartiennent à ses amis ?

 

Concluons avec François DOUTRIAUX :
« Pays le plus faiblement syndicalisé de l’Union Européenne, marqué par un taux de chômage élevé et une hostilité croissante des médias à l’égard des mouvements sociaux, la France n’est pas un pays de grévistes. »

 

Alexandre Anizy

Arnaldur INDRIDASON est un géant

Publié le par Alexandre Anizy

Né en Islande en 1961, Arnaldur INDRIDASON a publié son 1er polar en 2000, « la cité des jarres », et il rencontra immédiatement le succès (20 traductions), ce qui est entièrement mérité car il joue dans la cour des grands comme MANKELL, NESBO, DAVIDSEN, pour ne citer que les Nordiques.

 
Son 2ème roman, "la femme en vert" (points poche n° 1598 janvier 2007, 348 pages), se déroule sur les hauteurs de Reykjavik, où on retrouve des ossements enterrés depuis 50 ans environ. Peu d'indices pour le commissaire Erlendur, dont la fille droguée et enceinte est dans le coma.
Il va remonter dans le temps, pour l'affaire dont le thème en toile de fond est les violences conjugales, et dans son histoire personnelle.

 
La construction est absolument remarquable : les 2 histoires du passé s’entrecroisent, le présent qui renvoie au passé du commissaire.
Pas une ligne de trop : ni misérabilisme, ni psychologie "appuyée".
Un style sobre et poignant.

 
Arnaldur INDRIDASON est à découvrir dans les meilleurs délais !

 
Alexandre Anizy

La Toile selon Jean-Louis MURAT et nos observations

Publié le par Alexandre Anizy

Dans un entretien paru dans le journal le Monde du 18 novembre 2007, Jean-Louis MURAT donne sa vision passée et présente de cet outil de travail et de commerce qu’est Internet. Bien qu’elles ne soient pas dénuées d’intérêt, ses cogitations d’ordre moral ou social ne seront pas reprises ici.

L’évolution de la pensée d’un artiste comme Jean-Louis MURAT est un retournement heureux : il nous était pénible de voir sa naïveté passée.

« Au début, je mettais environ une chanson inédite par semaine à disposition sur mon site, gratuitement. Puis j’ai arrêté. Ces titres étaient téléchargés sans un merci, sans un bonjour, et éventuellement revendus … (…). J’ai fait partie des imbéciles qui ont cru aux mirages de l’Internet, et de ce fait à la bonté naturelle de l’homme (…). »

La Toile n’est rien d’autre qu’un Minitel géant plus sophistiqué.
Les marchands y ont pris le pouvoir depuis longtemps.

La gratuité est par conséquent un leurre.

D’un strict point de vue économique, Internet est une innovation technique qui remet en cause l’organisation économique dans son ensemble, plus ou moins selon les secteurs.
Economiquement parlant, il serait aussi absurde d’être contre Internet que d’avoir été contre les moulins à vent.
Pour ceux qui s’intéressent à cette problématique, le livre « Histoire des techniques » publiée sous la direction de Bertrand GILLE (La Pléiade, 1652 p.) est une référence incontournable.

Pour l’industrie du disque, c’est une saignée, forcément, puisque « (…) chaque nuit, dans les hangars de la musique, la moitié du stock est volé. Imaginez la réaction de Renault face à des délinquants (…). »

Mais il serait absurde de croire que « l’autorisation et la possibilité de voler » persistera dans le futur : le « nouveau monde » qui se met en place aujourd’hui n’implique surtout pas la gratuité dans le futur ordre économique du capitalisme mondial.

De même, il est naïf de croire à l’anonymat des internautes.

 
Alexandre Anizy

La farce judiciaire pour CHIRAC

Publié le par Alexandre Anizy

Ainsi, après presque 9 ans d’instruction, le juge Xavière SIMEONI en arrive à la mise en examen d’un justiciable peu ordinaire, l’ancien Président de la République Jacques CHIRAC.   

Est-ce vraiment sérieux ?
Nous ne le pensons pas pour diverses raisons.

 
D’abord, CHIRAC s’appuie sur des textes qui semblent lui donner une grande latitude dans ses relations avec les chargés de mission qu’il recrutait : « Les lois DEFFERRE de décentralisation de 1982-1984 ont renforcé et conforté cette situation. (…) Il était ainsi précisé qu’ils ne rendaient compte qu’à l’autorité territoriale qui les avait « librement » désignés, laquelle décidait seule des « conditions et des modalités d’exécution du service » qui leur était demandé. » (CHIRAC, Le Monde du 22 novembre 2007, p.22)

Avec ça, il y a de quoi s’interroger sur cette mise en examen.

 
Ensuite, si on poursuit le chemin judiciaire, le dossier atterrira d’une manière ou d’une autre sur le bureau du Procureur Laurent LE MESLE, ancien collaborateur de CHIRAC à l’Elysée, nommé à ce poste sous CHIRAC. Plutôt cool, non ?

 
Enfin, si le parquet décidait de rattacher cette affaire à celle instruite par le juge PHILIBEAUX de Nanterre, là où le couloir de l’Instruction (3ème étage du TGI) est surnommé la galerie du non-lieu (Nouvel Observateur 14 septembre 2007), le pronostic habituel tient la corde haut la main. D’autant plus que le Procureur de Nanterre est un certain Philippe COURROYE, nommé sous CHIRAC à ce poste, qui a déjà relaxé  CHIRAC dans l’affaire des frais de bouche (à la mairie de Paris toujours).

 
Comme on le voit, dans son parcours judiciaire CHIRAC risque de croiser beaucoup de relations fraternelles.
A notre avis, les portes du Tribunal ne s’ouvriront pas.

 
La réaction très indulgente d’Arnaud MONTEBOURG, jadis grand pourfendeur du système chiraquien, mérite d’être soulignée :

«  Aujourd’hui, c’est bien tard de s’en prendre à un homme âgé, qui a des problèmes de santé et qui s’est retiré de la vie publique. » (Cité dans le Figaro du 22 novembre).

Ce monsieur ne nous avait pas habitués à ce genre de tardive compassion fraternelle. Mais dans l’entretien de jeudi matin à Télématin (France 2), il se ressaisissait en rappelant que Lionel JOSPIN avait commis une erreur historique en faisant bloquer la demande de Haute Cour pour CHIRAC.  
Flinguer ses amis, MONTEBOURG le réussit. Mais pour le reste…

 
Alexandre Anizy    

CFDT = syndicat jaune ?

Publié le par Alexandre Anizy

A Paris, mardi 20 novembre, le secrétaire de la CFDT François CHéRèQUE a dû quitter la manifestation sous les huées et la protection d’une dizaine de gardes du corps.

Cette mésaventure s’étant déjà produite pour son prédécesseur Nicole NOTAT, il est légitime de poser la question : la CFDT ne passerait-elle pas aux yeux d’une partie des salariés pour être en dernière analyse le syndicat du patronat ?
Apportons quelques informations au débat.

 
Le « recentrage » de la centrale ouvrière a été amorcé au début des années 80 par Edmond MAIRE, avec notamment pour adjoint un certain Jacques CHéRèQUE (le père de François).
Pour services rendus au compromis social républicain, Edmond MAIRE est devenu patron de VVF pendant de longues années, tandis que Jacques CHéRèQUE s’occupait de la pauvre Lorraine désindustrialisée : 2 postes bien rémunérés.

 
C’est sous le règne de Nicole NOTAT que les choses apparurent évidentes. Après avoir été écartée « énergiquement » d’une manifestation à Paris, elle quitta la voie syndicale pour se lancer dans les affaires.
Elle le fit d’ailleurs avec panache, puisque ses relations du CAC 40 mirent quelques deniers dans la société de madame NOTAT.
La reconversion a parfaitement réussie, ce dont nous la félicitons. Mais pouvait-il en être autrement quand on a de pareils « amis » ?

 
Par conséquent, au vu de ce qui s’est passé mardi dernier, nous ne serions pas surpris si nous apprenions que l’idée d’un changement d’orientation professionnelle commençait à émerger chez François CHéRèQUE.
A notre avis, comme pour ses prédécesseurs, l’avenir ne sera pas bouché.

 
Alexandre Anizy

Les archaïques des Banques Centrales I

Publié le par Alexandre Anizy

Patrick ARTUS, qui n’a rien d’un fantaisiste ni d’un alter mondialiste illuminé, a rédigé un petit bréviaire d’économie (« les incendiaires. Les banques centrales dépassées par la globalisation », édition Perrin août 2007, 175 pages, 14,80 €), à l’usage des personnes qui constatent la faillite des experts sans avoir les armes pour les dénoncer.

S’ils ne le savent pas encore, ils sont beaucoup plus nombreux qu’ils ne le pensent eux-mêmes. 2 enquêtes réalisées en décembre 2006 montrent que 54 % des Allemands croient qu’il faudrait revenir au mark, et que pour 52 % des Français l’euro est une mauvaise chose.

 
Si les années passent et si les crises surviennent, les mêmes experts demeurent avec leur dogme. Prenons l’exemple américain.

Aux débuts des années 90, ce pays connaît une crise immobilière de grande ampleur : le nombre des logements en construction est divisé par 2. Pire : 50 % des Caisses d’Epargne (Savings and Loans) disparaissent pour avoir été trop actives sur le marché des prêts immobiliers, i.e. à cause de la défaillance des emprunteurs.
Aux débuts des années 2000, l’éclatement de la bulle Internet a constitué un véritable krach boursier, puisque la valeur des actions baisse de 50 %.
Durant l’été 2006, c’est à nouveau un effondrement de l’activité dans le secteur immobilier et une crise financière qui se propage.

 
A chaque fois, les enchaînements sont quasiment les mêmes.

De 1985 à 1990, la Réserve Fédérale (communément appelée FED) laisse les crédits immobiliers aux ménages progresser de 13 % par an en moyenne, avec un taux d’endettement qui passe de 68 % à 85 % de leur Revenu annuel.

La FED laisse filer parce que l’inflation oscille entre 2 et 3 %. Mais en 88-89, elle s’inquiète d’une inflation à 5 % et réagit aussitôt en montant les taux d’intérêt. Ce faisant, elle déclenche la crise, parce que les emprunteurs ne peuvent plus payer : de 91 à 93, 10 % des emprunteurs font défaut sur leurs crédits hypothécaires, ce qui entraîne la saisie de leurs maisons.

 

A partir de 1997, la FED laisse monter les cours boursiers, bien que dans un premier temps son Président Alan GREENSPAN ait dénoncé l’exubérance irrationnelle des marchés financiers. Puis le discours change et tend à légitimer cette hausse extravagante due aux gains de productivité obtenus par une diffusion rapide des nouvelles technologies… L’indice Nasdaq est multiplié par 6 entre 1995 et 2000 pour être divisé par 3 entre 2000 et 2003.

Dans la période euphorique, les entreprises s’étaient endettées, notamment pour acheter d’autres entreprises surévaluées : leur taux d’endettement passe de 37 % à 47 % du Produit Intérieur Brut (PIB). La crise boursière les oblige à se désendetter, ce qui aboutit à une baisse de l’investissement et au recul de l’emploi. En 2001, 5 % des entreprises américaines ont disparu, quand le taux normal est de 1 %.

Et la FED, nous direz-vous ? Parce que l’inflation oscillait entre 1,5 et 3 % et que le taux de croissance avoisinait les 4 %, la FED ne montera pas les taux d’intérêt à 3 mois au-dessus de la fourchette 5-6 %, ce qui aurait freiné l’emballement boursier.

 
A partir de 2002, on rejoue le même scénario. Les taux d’intérêt bas amènent une croissance forte de l’endettement immobilier des ménages, qui passera de 100 à 135 % en 4 ans du Revenu annuel, et des prix des maisons. La spéculation et la construction immobilières s’affolent.
Soudain, le marché réalise qu’il y a 4 millions de maisons invendues et que la remontée de 1 à 5 % des taux d’intérêt de la FED coïncide avec ce stock pléthorique.
L’intégration des crédits immobiliers dans des actifs financiers complexes (subprimes) favorise la généralisation de la crise aux autres marchés financiers.

 

« Dans les 3 crises, l’absence de réaction de la Réserve Fédérale à la hausse des prix des actifs (immobiliers ou actions) et à la hausse de la dette (des entreprises ou des ménages) vient de ce que ces évolutions voisinent avec l’absence d’inflation. Or, c’est bien sûr, l’inflation qui est au centre des préoccupations de la Banque Centrale. » (Patrick ARTUS, p.14)

 

Alexandre Anizy

Prochainement : Les archaïques des Banques Centrales , II

Croissance, une embellie passagère

Publié le par Alexandre Anizy

La croissance est de retour au 3ème trimestre 2007 : + 0,7 %, selon l’INSEE. Comment expliquer cette embellie ?

C’est d’une part un effet de rattrapage par rapport au 2ème trimestre et d’autre part l’onde de choc de la crise américaine des « subprimes » ne s’est pas encore propagée.

 
Pour 2008, les indicateurs sont mauvais :

  • Baril de pétrole à 100 USD voire plus ;
  • L’euro continuera de s’apprécier (> 1,50 USD ?) ;
  • L’inflation déjà à 2 % augmentera puisque les matières premières seront toujours à la hausse ;
  • Avec les effets de la crise américaine des « subprimes », conjugués aux effets de la politique monétaire de la BCE (hausse des taux pour lutter contre l’inflation), les banques durciront leur accès au crédit à la consommation ;
  • Puisque le pouvoir d’achat des ménages diminuera, du fait de l’inflation et de la hausse insuffisante voire la stagnation des salaires, la consommation faiblira, toutes choses égales par ailleurs ;
  • La situation de l’emploi devrait se dégrader du fait de la baisse des marges des entreprises.

Ajouter à tout cela un ralentissement plus fort que prévu de la croissance américaine, vous obtenez une possibilité de scénario à 1 % de croissance en 2008.

 
Alexandre Anizy

Les bidouillages de l'INSEE

Publié le par Alexandre Anizy

Comme promis, l’INSEE a publié le 12 novembre les chiffres relatifs au chômage, après le gel décidé peu avant les élections présidentielles.
Comme prévu, l’INSEE est retombé sur ses pattes sans perdre la face.

Comment fait-on pour passer d’une révision à la hausse en mars à une stagnation du taux de chômage à 8,1 % pour le 2ème trimestre ?
Vous devinez la démarche, nous n’en doutons pas : le bidouillage.

3 changements méthodologiques ont été opérés :

  • L’alignement sur la définition stricte des chômeurs selon Eurostat, soit (0,7 point) ;
  • Relance des sondés permettant in fine de réévaluer à la baisse son estimation, soit (0,1 point) ;
  • Modification des méthodes de pondération de données et exclusion des personnes vivant en foyers, internats, hôpitaux, prisons, soit en tout (0,2 point).

Ainsi, contrairement à l’ANPE qui sortait des chiffres annonçant une baisse des demandeurs d’emploi dès 2005 dont le gouvernement de GALOUZEAU DE VILLEPIN se vantait mois après mois, le taux de chômage serait resté stable à 8,8 % de la population active en 2004, 2005 et 2006.

 

La révision à la hausse, bien que masquée, est de 1 point, selon le statisticien Thomas COURTROT.

Le chômage est donc au niveau de 2002.


Alexandre Anizy