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La question du pétrole (III)

Publié le par Alexandre Anizy

(Lire les notes (I) du 10 octobre et (II) du 18 octobre 2007)

Sans l’Arabie Saoudite, l’OPEP n’existe plus et la prospérité occidentale s’évanouit. Alors, dans les années 1970, quelle est la réalité pétrolière de ce pays ?

Si l’Arabie Saoudite est supposée détenir 25 % des réserves mondiales de pétrole, sa structure d’exploitation est particulière : « 90 % de la production saoudienne proviennent de 6 gisements géants concentrés dans une zone minuscule du royaume, l’équivalent d’une petite portion de l’Etat américain de l’Utah. Le plus impressionnant d’entre eux est Ghawar (…). Selon les experts, le gisement abrite 17 % de toutes les réserves en pétrole accessibles de la planète. » Eric LAURENT, la face cachée du pétrole, pocket 2007, p.184.

Entre 1973 et 1976, les 4 compagnies américaines (Exxon, Texaco, Mobil, Chevron) ont peur d’être nationalisées (ce qui arrivera à hauteur de 60 % en 1976) et elles veulent profiter au maximum de la hausse du prix du pétrole : elles augmentent fortement la production, au mépris des normes techniques de pompage et de préservation. Les procédures indispensables de pressurisation des puits ne sont pas appliquées, ce qui provoquent des difficultés techniques. Ceci est révélé par Jack ANDERSON. (cité par E. LAURENT)

Pire : un rapport secret de Chevron affirme que cette surproduction effrénée au mépris des règles endommagent le champ de Ghawar et celui de d’Abqaiq !

En plus de l’appétit du gain, les dirigeants pétroliers ont la conviction que l’Arabie Saoudite peut produire 20 à 25 millions de barils par jour. Lorsque les problèmes évoqués ci-dessus surgissent, les prévisions sont abaissées à 16 millions, puis à nouveau corrigées à 12 millions.

 
En 1979, Seymour HERSH publie un article fondé sur des documents internes à Exxon et Chevron (2 membres de l’Aramco). C’est un tableau inquiétant de la situation pétrolière saoudienne : l’état des réserves permettrait de produire 14 à 16 millions de barils par jour pendant moins 10 ans, niveau estimé nécessaire pour éviter les ruptures d’approvisionnement dans les pays consommateurs. Ces documents sont transmis à la Commission des Affaires étrangères du Sénat américain, avec une étude détaillée réalisée à la demande du gouvernement saoudien.

Cette étude prévoit « (…) au début des années 1970, que si le rythme quotidien ne dépasse pas 8,5 millions de barils/jour, la production totale déclinera en l’an 2000. (…) La dernière projection est la plus inquiétante : avec un rythme d’extraction de 14 ou 16 millions de barils/jour, le pétrole saoudien atteindra son « pic » (niveau maximum) dans un délai de 6 ou 10 ans, avant de décliner rapidement. » (E. LAURENT, déjà cité, p.187)

En 1970, l’Arabie Saoudite représente 13 % des exportations mondiales de pétrole ; en 1973, la part est de 21 %.
En 1972, ce royaume produit 5,4 millions de barils/jour pour atteindre 8,4 millions à la veille du choc d’octobre 1973.

Au plus fort du second choc pétrolier de 1979 provoqué par l’arrêt des exportations iraniennes, « (…) le niveau de la production saoudienne ne dépassera jamais 10 millions de barils, alors que sur le marché, totalement paniqué, le baril crève le plafond des 40 dollars. Hormis cette brève pointe à 10 millions de barils/jour, l’Arabie Saoudite maintient son niveau de production à 8,5 millions de barils, malgré les supplications de Jimmy CARTER (…) » (E. LAURENT, déjà cité, p.189)

 
Parce qu’elle est informée de l’état réel de ses réserves, la famille royale saoudienne pense à sa survie.

 
Alexandre Anizy
A suivre … la question du pétrole (IV)

La décroissance selon l'économiste Serge LATOUCHE

Publié le par Alexandre Anizy

Professeur d’économie à Paris – Orsay, Serge LATOUCHE se définit comme un « objecteur de croissance » et ainsi son rôle : « Le rôle de l’intellectuel n’est pas de définir des politiques, mais de lancer des idées. » Ce qu’il fait.

Il considère que le diagnostic de l’impasse est partagé et qu’il ressort des débats du Grenelle de l’environnement. La croissance en soi n’est pas le problème, mais le fait de n’avoir qu’un objectif, la croissance pour la croissance, en est un.

« Il faut décoloniser l’imaginaire, pas seulement trouver des mesurettes pour faire en sorte de prolonger la croissance » (Libération 8 octobre 2007, p.15) Car il existe par exemple une vraie contradiction entre le moratoire sur les autoroutes (dans la plateforme des ONG à Grenelle) et les projets européens (autoroutes, tunnels, TGV).

« La décolonisation de l’imaginaire consiste à changer les fondamentaux sur lesquels repose notre société de croissance. (…) Le consensus ne va pas tomber du ciel, nous sommes toxico-dépendants de la croissance et de la société de consommation. »

« On ne peut pas atterrir en douceur. Il faut un choc salutaire. » Bien, mais lequel ?

 
Et si on doit penser des transitions, il est illusoire de croire qu’on peut rendre compatibles le développement et la survie de la biosphère : Serge LATOUCHE ne croit pas à la politique des petits pas.

 
Alexandre Anizy

P.s. : Serge LATOUCHE va publier mi-octobre « Pour une décroissance sereine » aux éditions Mille et une nuits.

Clémentine AUTAIN Christophe GIRARD même opportunisme

Publié le par Alexandre Anizy

Christophe GIRARD est un grand directeur de LVMH, le groupe de M. Bernard ARNAULT : il s’est découvert tardivement un goût pour la chose publique et l’écologie en particulier. C’est ainsi qu’il a modestement accepté de figurer en fin de liste (caution « manager » en quelque sorte) de Daniel COHN-BENDIT aux élections européennes. Un an plus tard, grâce à son travail ardent de militant de base, c’est sûr, il était sur la liste des Verts (en position éligible) aux municipales parisiennes, et Bertrand DELANOË lui confia une mission de prestige où le monsieur pouvait faire parler de lui, parce qu’il le vaut bien… Sa besogne accomplie, il quitta les Verts en déconfiture pour rejoindre le PS de son maire.
On parle de lui pour la mairie du IVème en 2008.

 
Clémentine AUTAIN étant la fille d’un troubadour, elle connaît la chanson. Si elle s’apparente à beaucoup de choses (PCF, etc.), elle n’a qu’un parti : le sien. Comme Bertrand DELANOË veut rester à sa place, i.e. à droite, sans s’embarrasser d’une pasionaria du XVIIème, la séduisante Clémentine AUTAIN a trouvé un nouveau refuge doré : Montreuil, le paradis des bobos.
Avec la perspective de succéder au maire Jean-Pierre BRARD à mi-mandat.
Mais patatras ! Le député-maire BRARD s’oppose à ce parachutage « très chic parisien » en ces termes : « Elle n’est pas montreuilloise (…). Il est important de ne pas confondre ambition personnelle et convictions au service de ses concitoyens. »

Ah ! Si tous les « Brard » du monde voulaient se donner la main…

Vue comme ça, elle serait pas belle … la politique !

 
Alexandre Anizy

Le contre-Grenelle de Lyon et Nicolas HULOT un zozo de l'écologie

Publié le par Alexandre Anizy

700 participants au contre – Grenelle de l’environnement organisé à Lyon par les férus de la décroissance : c’est un bon score.

Pour l’économiste Paul ARIèS, le Grenelle de Jean-Louis BORLOO et consorts ne serait qu’une « tentative d’OPA inamicale de la droite et des milieux d’affaires sur l’écologie ». C’est pourquoi les intervenants ont ciblé le Président ubiquiste SARKOZY DE NAGY BOCSA en le qualifiant de « VRP d’Areva » ou de « missionnaire des intérêts privés » à cause de ses positions : selon eux, il souhaite redessiner le concept de l’écologie pour le rendre assimilable par le capitalisme.

 
Pour Nicolas HULOT, un zozo de l’écologie, le public a vanté ses talents de pilote d’hélicoptère pour chaîne télé en béton, tandis que Sophie DIVRY, journaliste du mensuel la décroissance, estimait qu’il n’avait d’autre ambition que de repeindre le capitalisme en vert. On ne lui donnera pas tort à la lecture de l’entretien que « l’éco - tartufe de la jet-set » a donné au Nouvel Observateur du 11 octobre, où il met en avant comme exemples de propositions concrètes :

  • l’abaissement de 10 km/heure la vitesse autorisée sur les autoroutes ;
  • une taxe « verte » sur l’essence ;
  • réduire de 50 % l’emploi des pesticides et imposer le 100 % bio dans la restauration collective.

Hormis les gros céréaliers français qui s’engraissent sur le dos de la PAC, qui peut être contre ces mesures quasiment immédiates ?

Mais le contre – Grenelle a une plus noble ambition : repolitiser l’écologie. Avec un vrai projet d’alternative au capitalisme. Vaste programme !
Concernant la question sociale, ils préconisent l’instauration d’un Revenu Universel Inconditionnel et d’un Revenu Maximum Autorisé.

 
On s’étonne que l’énarque Martin HIRSCH, le serf de la République solidaire, n’y ait pas encore pensé.


Alexandre Anizy

Pour le Traité simplifié, l'hypocrisie des socialistes comme Pervenche BERéS Benoît HAMON Henri WEBER

Publié le par Alexandre Anizy

Pervenche BERèS est une socialiste fabiusienne qui avait voté « non » lors du référendum de 2005 : elle préside la Commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen.

(Les réponses sont extraites d’un entretien paru dans Libération du 18 octobre 2007).
Comment valider le Traité simplifié de Lisbonne ?
« Par respect pour la démocratie, Nicolas Sarkozy [de Nagy Bocsa] devrait convoquer un référendum ».

Ce Traité simplifié n’est-il pas une reformulation du projet de Constitution ? 
« Si on ne les consulte pas [les Français] à nouveau, c’est sûr qu’ils le penseront. Pour le PS, la bonne stratégie est de demander un référendum et de recommander l’abstention ».

Si les Français votent « non », n’est-ce pas la fin de l’Europe ?
« C’est pour cela qu’en cas de référendum, le PS doit prôner l’abstention. »

 
Et qu’en pense l’apparatchik Benoît HAMON (un ex « non ») ?
« Ce texte ne mérite ni excès d’honneur ni excès d’indignité » ; « ce traité propose un déblocage institutionnel pour mieux fonctionner à 27. Ce n’est pas le TCE et en même temps ce n’est pas un bon texte pour relancer la construction européenne ». 
Rien de vraiment neuf chez les prétendants au renouveau socialiste : faut pas bloquer le système, c’est pas génial (pas assez social, n’est-ce pas ?) mais il permet d’avancer …
La bonne question est donc : en sourcillant tout de même, faut-il avancer vers l’abattoir, monsieur l’apparatchik Benoît HAMON ?

Et le fabiusien ex trotskiste Henri WEBER ? « (…) prêts à emboîter le pas d’Hamon. On s’oriente vers un refus de vote ou une abstention à l’Assemblée. »
Pour lui, c’est donc déjà « plié » : pas de référendum ; pas de vote ou abstention à l’Assemblée pour la ratification.

 
Pour ces 3 socialistes, l’Europe ne demande qu’un positionnement électoral au PS : il faut bien se démarquer des confrères.
Parce que sur le fond, les hiérarques du PS ont rallié depuis longtemps  l’oligarchie européenne.

 
Alexandre Anizy

Le talent d'Arturo PEREZ REVERTE

Publié le par Alexandre Anizy

Nous ne pouvions pas ne pas évoquer nos lectures d’un grand écrivain espagnol contemporain, dont le talent est mondialement reconnu.
Arturo PEREZ REVERTE a écrit quelques très bons livres. A notre avis, le meilleur reste à ce jour « le tableau du maître flamand » (en poche).

Mais nous parlerons ici de 2 pépites de valeurs inégales.

« Territorio comanche » (Olleros & Ramos editores,1994, 141 p.). Avant de se consacrer entièrement à la littérature, PEREZ REVERTE était un grand reporter qui a couvert les conflits dans le monde. Ce livre raconte la tribu des reporters dans la guerre des Balkans.

PEREZ REVERTE prolongea, en quelque sorte, ce travail par son roman « le peintre de batailles » (Seuil, janvier 2007, 283 pages, 22 €), qui est sans nul doute son livre le plus ambitieux.
Le peintre, un ancien photographe de guerre, nous expose sa vision d’un monde ordonné et régenté, où chaque chose, et par conséquent chaque action, a sa place : c’est l’acceptation du fatum, avec pour unique horizon la noirceur éternelle de l’âme des hommes.

Parfois en lisant, nous pensions au film « la belle noiseuse », où Emmanuelle BéART tient un de ses meilleurs rôles (avec « Nelly et M. Arnaud »?). Mais ici, le « partenaire » du peintre est d’un autre calibre, puisqu’il mettra à nu le personnage (amis lecteurs, n’allez pas lire les 5 dernières pages !)… 

Le livre est remarquable, sans être pour autant un chef d’œuvre. Le dénouement permet de jeter un voile sur la construction théorique du peintre : une injection finale d’optimisme !

 
Alexandre Anizy

Pas de référendum pour le Traité simplifié de l'Union Européenne

Publié le par Alexandre Anizy

A Lisbonne, les pays membres de l’Union Européenne viennent d’entériner le maquillage du texte présenté par M. Valéry GISCARD D’ESTAING : le Traité simplifié (environ 3.000 pages !) modifiera article par article tous les autres traités.
M. BOURLANGES peut être content et s’écrier : « Toute la Constitution est là, il n’y manque rien. » En effet, ce texte est le prélude à la création d’un « super Etat ».

 
Ce Traité instaure la personnalité juridique. Ce point cardinal, qui permettait au texte présenté par GISCARD D’ESTAING de s’intituler Constitution, est repris tel quel. Il crée donc un nouvel Etat qui pourra être reconnu sur la scène internationale et qui rendra sans effet les dispositions prises « particulièrement » (i.e. nationalement).

 
Le mandat du Président de l’Union sera de 2 ½ ans : il sera indépendant de tout Etat, doté d’une autorité propre, d’un secrétariat, d’un cabinet, etc.

 
Le Haut Représentant pour la politique étrangère sera, comme l’a dit le Président ubiquiste SARKOZY DE NAGY BOCSA, un « ministre des Affaires étrangères sans le nom » : les 118 bureaux actuels seront rebaptisés Ambassades de l’UE, leurs agents bénéficiant d’immunités et privilèges diplomatiques.

 
Le nombre des questions échappant à la règle de l’unanimité augmente, passant à 70 domaines, soit l’essentiel de la responsabilité politique : par exemple, le parquet européen et la police fédérale sont amorcés.

Le compromis de Luxembourg est abandonné : une décision prise à la majorité s’appliquera partout, et si un Etat s’y était opposée il devra malgré tout la mettre en œuvre sous peine de sanctions. Plusieurs Etats s’exemptent, pas la France.

 
La Charte des Droits fondamentaux s’applique désormais de droit, sauf pour la Grande-Bretagne, puisqu’elle est citée en référence dans le texte : tout conflit sera interprété par la Cour de Luxembourg.
La supériorité de la norme européenne sur la loi nationale est réaffirmée dans un acte additionnel qui rappelle la jurisprudence de la Cour de justice.

 

Dans notre note du 24 septembre 2007, nous informions et pronostiquions : « Pour ratifier le nouveau traité simplifié, le gouvernement hollandais vient de décider qu’il soumettrait le texte au Parlement. L’oligarchie va voter à la place du peuple.

Pour la France, nous parions qu’elle suivra cet exemple. »

Nous maintenons notre pronostic : l’Etat fédéral sera créé avant les prochaines élections européennes de 2009 par ratifications dans les Parlements. La question sera ainsi évacuée du débat démocratique.   

L’oligarchie européenne va contourner l’obstacle de la souveraineté des peuples, comme le conseillait depuis le début le républicain  GISCARD D’ESTAING (voir notre note du 29 mai 2007 « la haine de la démocratie »).

 
Alexandre Anizy

Cathy KOPP vaut-elle mieux que Denis GAUTIER-SAUVAGNAC ?

Publié le par Alexandre Anizy

Cathy KOPP succède à Denis GAUTIER-SAUVAGNAC à la tête de la négociation sur la modernisation du travail. En effet, les Ressources Humaines et la modernisation du travail, ce sont des sujets qu’elle maîtrise bien, notamment grâce à son parcours chez IBM.

Par exemple, de 1992 à 1996, Cathy KOPP est DRH d’IBM France.
A ce titre, on suppose qu’elle n’ignore rien de ce qui s’est passé avec le plan PARCH 94, notamment sur le site de Montpellier, où plusieurs dizaines de salariés ont été amenés à signer le 31 mai 1994 des protocoles dit de résiliation conventionnelle de leur Contrat de Travail : un avenant au protocole prévoyant qu’il était signé sous condition suspensive de leur embauche sous Contrat à Durée Indéterminée par la société en cours de formation DSIE.
Ces salariés seront bien embauchés par DSIE et ils procèderont bien au montage de quelques centaines de moniteurs. Mais le 25 janvier 1995, DSIE est placée en liquidation judiciaire et le 3 février 1995, tous les salariés sont licenciés pour motif économique.
La belle histoire n’aura donc pas duré 1 an…

L’arrêt de la Cour d’Appel de Montpellier du 1 avril 1999 (n° 97/00281) a ordonné la réintégration des salariés appelants, a condamné la société SA IBM France à verser des dommages intérêts, parce que la Cour a décidé que le mécanisme mis en place par IBM France s’analysait en un DOL.

Définition juridique du DOL :   manoeuvre frauduleuse ayant pour objet de tromper l'une des parties à un acte juridique en vue d'obtenir son consentement.

C. civ., art. 887, 1116, 1147, 1150, 1792 et 1967.

En juillet 2000, Cathy KOPP devient DG de la filiale française d’IBM et 8 mois plus tard la Présidente, qui quittera le Groupe IBM seulement quelques mois après sa nomination (juillet 2001) : il est vrai qu’entre temps « le système de notation interne des salariés d’IBM » avait fait parlé de lui dans la presse …

 
Comme on le voit en partie ci-dessus, Cathy KOPP est une « pro » des ressources humaines. Il est certain que son parcours professionnel a séduit la patronne du MEDEF, l’héritière PARISOT, dont nul ne doit ignorer ce qu’elle pense du Code du Travail : "La liberté de penser s'arrête là où commence le code du travail".

Face à ce bel équipage, nous souhaitons « bon courage » aux Syndicats.

 
Alexandre Anizy

La question du pétrole (II)

Publié le par Alexandre Anizy

En 1965, la Libye est le 6ème exportateur de pétrole avec 10 % du total exporté. En 1967, elle produit 3 millions de barils par jour et 2 ans plus tard, elle dépasse l’Arabie Saoudite.

C’est l’américain Armand HAMMER avec sa société Occidental Petroleum qui touche le jackpot en forant dans ce pays : « Le cours de l’action Occidental Petroleum ressemble à la trajectoire d’une comète, passant de 90 cents à 100 dollars. (…) La guerre des Six Jours et la fermeture du canal de Suez vont décupler les atouts stratégiques que détient HAMMER. » (Eric LAURENT, la face cachée du pétrole, pocket 2007, p.135)

 
KADHAFI prend le pouvoir le 1 septembre 1969 : il demande immédiatement aux Forces Américaines de quitter le territoire, ce que le Président NIXON accepte en espérant ainsi sauvegarder les intérêts pétroliers. Mais KADHAFI est bien décidé à nationaliser toutes les compagnies pétrolières en Libye : pour cela, il choisit de s’attaquer en premier, et seule, à Occidental Petroleum, parce que cette firme cédera plus facilement que les autres à un ultimatum, puisqu’elle n’a pas de source d’approvisionnement de remplacement.

Et en effet, HAMMER ne trouvera aucun secours du côté de l’industrie pétrolière, qui commet là une erreur fatale, parce qu’étant acculé, HAMMER va négocier avec les Libyens. A partir du 30 août 1970, il quitte l’hôtel Ritz de Paris à 6 heures pour s’embarquer dans un avion de location (et non pas le sien) en direction de la Libye d’où il revient tous les soirs : HAMMER craignait d’être pris en otage. Son interlocuteur est le Premier Ministre Abdessalam JALLOUD.

Le 14 septembre 1970, Occidental Petroleum, 8ème compagnie mondiale, signe un accord qui stipule qu’elle va payer un supplément de 30 cents par baril, et son taux d’imposition passera de 50 à 58 %.

A la fin du mois d’octobre 1970, en Libye, toutes les autres compagnies ont accepté les conditions consenties par Occidental Petroleum, ce qui constitue un grand bouleversement dans la structure des prix pétroliers : une victoire qui préfigure celle de l’OPEP en 1973, car à ce moment-là le marché s’est retourné, après 20 ans d’excédents, avec une demande supérieure à l’offre.
En 1973, Occidental Petroleum cède 51 % de son capital à la Libye pour la coquette somme de 136 millions USD.

 
Que s’est-il passé en 1973 ? Eric LAURENT nous donne les informations pour une autre lecture de la crise.

« Depuis 2 ans, les responsables de l’industrie pétrolières ne cachent pas que les investissements futurs exigeront des sommes énormes, qui ne pourront être obtenues que par une augmentation notable des prix. » (p.150) A Rome en 1973, David ROCKFELLER, Président de la Chase Manhattan Bank, estime à 3 trilliards USD les besoins financiers des firmes pétrolières pour les investissements des années à venir.

Dès 1971, une commission formée par NIXON travaille sous la direction du Général G.A. LINCOLN à la politique énergétique américaine : elle conclue d’une part sur la nécessité pour les USA de provoquer une hausse du prix du pétrole importé, ce qui aura pour effet de stabiliser les prix intérieurs à un niveau élevé qui inciteront les financiers à développer les ressources nationales d’énergie, et d’autre part sur la recommandation d’un assainissement des relations avec les pays exportateurs pour éviter toute perturbation dans les approvisionnements.

Le 28 juin 1973, le Secrétaire d’Etat aux Finances William SIMON déclare : « Les USA se sont assignés pour objectif prioritaire l’adoption d’un plan d’action visant à réduire leur dépendance [énergétique] vis-à-vis de l’étranger » (cité p.156)

En 2006, dans son discours sur l’état de l’Union, G.W. BUSH tiendra quasiment mot pour mot les mêmes propos.

Selon Eric LAURENT, une étrange mise en conditionnement débute dans l’hiver 1972-1973, avec des signes de pénurie dans plusieurs Etats américains.

Curieusement, comme en 2000, juste avant l’élection de G.W. BUSH.

Utilisant ces pénuries locales, les pétroliers lancent des campagnes pour dramatiser la crise : la faute au Congrès, aux écologistes, qui ont maintenu des prix bas, qui ont découragé l’investissement en bloquant certains projets (comme l’oléoduc d’Alaska), etc. C’est un matraquage publicitaire, qui préconise la hausse des prix pour ne plus être dépendant des étrangers.

En 1974, grâce au quadruplement des prix du pétrole, les 30 premières firmes pétrolières mondiales vont accroître leurs bénéfices de 71 %, quand le volume des ventes n’augmente que de 10 %.

Mais un fait important n’a pas été mis en exergue en 1973 : à la veille du choc de 1973, les grandes compagnies ont d’énormes difficultés financières, parce qu’elles ont investi dans des projets dont le coût final est 5 à 10 fois supérieur aux estimations initiales. Certaines sont au bord du dépôt de bilan.
Le choc pétrolier d’octobre 1973 rend à nouveau attractifs ces projets, i.e. économiquement et commercialement viables. Comme les gisements de la Mer du Nord par exemple.

1973 : ce fut un hasard miraculeux.

En fait, le destin a bénéficié d’un sérieux coup de pouce. Dès janvier 1974, un journaliste du Washington Post, Jack ANDERSON, ayant eu accès à des documents secrets de l’Aramco (consortium regroupant Exxon, Texaco, Mobil et Chevron, qui exploitent le pétrole saoudien) grâce à une « gorge profonde », documents qui rendent compte des réunions de ces messieurs avec le ministre saoudien du pétrole Seikh YAMANI, au cours desquelles ils lui donnent un véritable feu vert à la hausse du prix (le chiffre de 6 USD est même évoqué).

Qui croit qu’en affaires il y a des miracles ?

Alexandre Anizy
A suivre … la question du pétrole (III)

Benazir BHUTTO p... jusquà la moelle ?

Publié le par Alexandre Anizy

Dans notre note du 13 octobre 2007, nous vous disions tout le bien que nous pensions de cette personne condamnée à 2 reprises au Pakistan pour corruption.

Nous venons d’apprendre qu’elle a été condamnée en 2003 en Suisse pour blanchiment d’argent : ayant fait appel, l’affaire suit son cours.

Après son amnistie au Pakistan, nous ne doutons pas que son pays fera ce qu’il convient de faire pour que la justice suisse soit moins sévère, beaucoup moins sévère.

Le retour de Benazir BHUTTO : qu’en pensent les Pakistanais ?
« Jamais la politique du Pakistan n’avait été aussi ouvertement faite à Washington. » (Éditorialiste du « Dawn », journal important)

En politique étrangère, les Etats-Unis appliquent une règle simple : pour tenir ses alliés, il vaut mieux les choisir « très intéressés ».

Alexandre Anizy